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finances italiennes a confirmé sa réputation d’habile métaphysicien ; mais des réformes comme celles-ci ne s’improvisent pas dans l’opinion, encore moins dans la pratique. Il était difficile de persuader à des propriétaires campagnards que, lorsqu’ils vont porter leur argent chez le percepteur, ils ne paient pas un impôt. Le système, peu compris, est devenu suspect ; la chambre, sans exposition apparente, est restée indécise et glacée.

Cette consolidation de l’impôt foncier, combinée avec la plus-value de l’income-tax, promettait un produit supplémentaire de 49 millions de francs. On acceptait la surtaxe de 20 millions sur l’enregistrement indiquée par M. Sella. Il restait encore 142 millions à trouver. Il existe dans certaines communes italiennes un droit d’imbottito, c’est-à-dire une taxe perçue au moment de la mise en pièce des vins. M. Scialoja voudrait qu’on enlevât sans compensation cette ressource aux communes et qu’on généralisât la perception de l’imbottito au profit du trésor dans la mesure de 1 fr. 50 c. par hectolitre ; à son compte, cela donnerait au moins 40 millions. En abandonnant à regret le droit de mouture, le ministre a signalé des taxes sur l’huile et la farine, exercées sans réclamations dans quelques provinces et qu’on pourrait faire accepter dans le royaume entier. Le résultat définitif serait d’abaisser le déficit de 1866 à 77 millions. Un peu troublée par cet étalage de combinaisons peu attrayantes de leur nature et sur lesquelles il est impossible de se faire un avis au premier exposé, la chambre abrégea des débats irritans, et se tint sur la réserve en pressant le travail de la commission extraordinaire qu’elle a nommée.

Le dépôt du rapport, promis de jour en jour, paraît être encore une fois ajourné. Le secret des commissions parlementaires est rarement gardé, et on dit déjà dans le public sur quelles bases l’accord s’est établi entre le ministère et les délégués de la chambre. Il serait peu convenable de porter un jugement sur un système qui n’a pas encore été formulé en termes précis. Toutefois, en cherchant plus loin les voies et moyens pour sortir de la crise, il nous arrivera de rencontrer la commission et de discuter quelques-unes des combinaisons qui lui sont attribuées. Une chose nous étonne, sans les débats du parlement, dans la polémique écrite, qui roulent principalement sur les embarras du trésor et l’urgence d’équilibrer les budgets, il y a un élément qu’on écarte toujours : c’est le partage prochain de la dette romaine, condition essentielle de la convention du 15 septembre. Est-ce donc une circonstance à négliger que l’obligation d’inscrire encore de 20 à 30 millions de rentes sur un grand-livre qui est déjà si chargé ? On dirait qu’il y a chez les hommes d’état italiens une entérite instinctive pour ne pas trop