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SCÈNE VI. GABRIELLE, TRISTAN.

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GABRIELLE, voulant se lever.

Il s’éloigne.

TRISTAN, la retenant par la main.

Nous sommes si bien ici !

GABRIELLE, même jeu de scène.

Mais voici la nuit, monsieur !

TRISTAN, même jeu.

Belle nuit d’été, mademoiselle !

GABRIELLE, se dégageant.

Bonsoir, monsieur. (Elle s’éloigne du banc.)

TRISTAN, suppliant.

Mademoiselle, de grâce… encore une toute petite minute. J’ai tant de choses à vous dire !

GABRIELLE, avec malice.

Pour Marie de Chambois ?

TRISTAN, avec chagrin.

Ah ! mademoiselle ! ., (Riant tout à coup.) Ah ! ah ! ah ! au fait !

GABRIELLE.

Vous riez !

TRISTAN.

Oui ! quand je pense à mon aventure… Elle est unique ! .. Je suis venu ici avec une idée bien arrêtée, et voici que je ne peux plus m’en aller, parce que j’ai une idée tout autre également bien arrêtée. Il n’y a que moi pour ces accidens-là !

GABRIELLE, piquée.

Oui, et si une autre grande prenait ici ma place, vous changeriez encore d’idée, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toute la pension y passât.

TRISTAN, riant.

Ah ! ah ! ah ! non, par exemple !… je vous jure bien…

GABRIELLE, se laissant aller a son dépit.

Ah ! tenez, vous n’avez jamais été sérieux, vous ne le serez jamais !

TRISTAN.

Comment ! je n’ai jamais été ?… vous me connaissez donc ?

GABRIELLE, se reprenant.

Non… mais j’entends parler de vous.

TRISTAN.

Par qui ?