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de leur pays. Une première fois ils ont pris et détruit la ville, à l’exception de l’églises, où les femmes et les enfans s’étaient réfugiés ; une autre fois ils se sont bornés à dévaster les plantations et les jardins des Européens. Dans un milieu aussi tourmenté, il était impossible à un commerce régulier de prendre racine.

La contrée qui environne Tété est entrecoupée de collines et de montagnes boisées jusqu’au sommet, ce qui donne au paysage un aspect des plus rians. Le sol des vallées est fertile et pourrait fournir à l’exportation d’abondans produits ; mais c’est par ses richesses minérales que ce pays est remarquable. Les sables de la plupart de ses cours d’eau sont aurifères. L’on compte dans un rayon peu étendu six localités où des lavages d’or sont encore en pleine activité. La roche de la montagne de Maganja est si tendre que les femmes la réduisent en poudre pour la laver et en extraire le précieux métal. Les sables de Manica, à l’est de Tété, passent pour les plus productifs ; l’or s’y trouve quelquefois en grains de la grosseur du blé. Quelques voyageurs ont avancé que cette province était l’ancien Ophir de Salomon. Des débris d’un âge incertain et d’un caractère équivoque découverts par des missionnaires ont contribué à lui donner cette renommée. Le lavage est entre les mains des indigènes, qui n’y ont recours que pour se procurer le peu de vêtemens dont ils se couvrent. Ils apportent l’or dans des tuyaux de plume d’oie, pour chacun desquels ils demandent vingt-quatre mètres de calicot. A l’or il faut ajouter le fer, qui est en grande abondance dans ces régions et dont la qualité est excellente. Les habitans le préfèrent même au fer européen, parce qu’il est plus malléable ; ils extraient du sol avec des bâtons à pointes ferrées le minerai, qui est à fleur de terre et très riche ; ils le travaillent avec un outillage qui remonte aux premiers rudimens de la science métallurgique.

Le fer est ici, comme dans d’autres contrées, associé dans les entrailles de la terre avec le combustible dont l’homme a besoin pour lui donner, en le désagrégeant des autres matières, les qualités qui en font un métal si précieux. Tété se trouve dans la partie méridionale d’un bassin houiller dont l’étendue et les richesses sont encore indéterminées. Sur les renseignemens du commandant portugais, Livingstone se rendit dans une vallée arrosée par un affluent du Zambèse appelé Lofoubou, et découvrit, dans un banc de grès qui surplombait une autre rivière, deux veines de charbon épaisses l’une d’un pied, l’autre de cinq. Sur la rive droite du Lofoubou, près d’uni autre petit affluent, était encore à découvert un lit de charbon dont il ne put mesurer l’épaisseur, parce que l’eau le cachait en partie. Plus au nord, la houille affleure le sol. A ces