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Moffat, qui a publié un volume plein d’intérêt sur ses travaux parmi les Béchouanas, et les missionnaires protestans français Daumas et Arbousset, qui ont entrepris un voyage d’exploration chez les Mantétis et les Korannas. Enfin, grâce au docteur Livingstone, à la hardiesse et à l’étendue de ses opérations, la géographie de l’Afrique australe fait un pas immense. Livingstone a révélé au monde savant que les vastes contrées qui figurent sur les cartes sous le nom de « déserts inexplorés » sont peuplées, fertiles, et présentent la même variété d’aspect que les autres grandes fractions de la terre, que leur faune et leur flore offrent aux naturalistes une série des plus riches spécimens, et que leur règne minéral fournit les élémens des plus intéressantes études à l’ardeur du géologue.

L’Afrique, à partir de cette amasse granitique qui constitue le promontoire du cap de Bonne-Espérance, peut être divisée en trois zones longitudinales qui se distinguent par leurs caractères géographiques et la population qui les habite. La zone orientale est montagneuse, bien boisée, ornée d’oliviers et d’autres arbres toujours verts, sur lesquels ni la chaleur ni la sécheresse ne produisent aucun effet. Toutes les échancrures qui donnent à la côte son charmant aspect sont garnies des plus splendides sujets du règne végétal. De nombreux cours d’eau arrosent, des pluies régulières et fertilisantes rafraîchissent cette zone privilégiée, et les habitans se ressentent des heureux effets d’une aussi riche nature, d’un aussi beau climat. Ils sont grands, bien faits, adroits, actifs, pleins d’énergie et de courage ; sans leurs cheveux laineux, on les prendrait pour des membres de la race caucasique.

La zone centrale, où viennent mourir les dernières assises des montagnes de l’est, est une plaine unie dont quelques accidens de terrain rompent de temps en temps les lignes monotones. Les sources y sont rares ainsi que les rivières, qui tarissent souvent ; la pluie y tombe irrégulièrement, parfois à de très longs intervalles ; les céréales et autres végétaux de l’Europe ne prospèrent que dans les cantons comparativement humides ou qui peuvent être arrosés artificiellement. Les habitans de cette zone, quoique ayant les mêmes traits que leurs voisins de l’est, sont inférieurs sous tous les rapports : ils ont moins de force musculaire et moins de vigueur morale, l’initiative leur fait le plus souvent défaut.

La zone occidentale a en grande partie le même caractère climatérique et les mêmes traits géographiques que la précédente. Ce n’est qu’en s’approchant de l’Océan-Atlantique que le terrain s’accidente, s’élève et se garnit de rochers isolés et de chaînes brisées de montagnes granitiques. Le ciel y est toujours très avare de pluie, et la bande côtière est malsaine ; c’est dans cette zone