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dit aux délégués qu’il était un plus ferme partisan des state-rights qu’ils ne l’étaient eux-mêmes ; il les engagea à bien se pénétrer de l’idée que l’esclavage était mort et qu’il ne fallait plus songer à le faire revivre ; à cette condition, il leur promettait tout son concours pour l’œuvre de restauration qui allait commencer. « Je dis restauration, ajouta-t-il, et non pas reconstruction, car on ne reconstruit que ce qui a été détruit, et l’Union n’a jamais cessé d’être. » En même temps il nommait partout des gouverneurs provisoires chargés seulement de remplir l’interrègne entre la chute des gouvernemens rebelles et la reconstitution des gouvernemens reconnus par l’autorité fédérale. Sauf en Virginie, où déjà s’était rétabli dans quelques cantons et dans quelques villes reconquises un gouvernement loyal qui n’avait eu qu’à se transporter d’Alexandrie à Richmond, — sauf en Virginie et dans les border-states disputés encore. où le gouvernement approuvé par l’Union n’avait aussi qu’à prendre la place du gouvernement rebelle, tous ces dépositaires provisoires d’une autorité si dangereuse furent choisis parmi les anciens rebelles, parmi les législateurs mêmes du gouvernement confédéré. C’étaient MM. Holden dans la Caroline du Nord, Sharkey dans le Mississipi, Parsons dans l’Alabama, Johnson dans la Géorgie, Perry dans la Caroline du Sud, Marvin dans la Floride et Hamilton dans le Texas. — M. Perry, dans un discours qu’il prononça peu de temps après son entrée en charge, déclara que personne ne pouvait sentir plus profondément l’humiliation d’une union nouvelle avec les Yankees, mais que, le Dieu des batailles ayant décidé contre l’indépendance du sud, le parti le plus sage était encore de s’y résigner et de travailler avec le gouvernement fédéral à réparer les désastres de la guerre. Voilà tout le dévouement que le président Johnson exigeait à la cause de l’Union de la part des hommes du sud ; il leur demandait seulement de comprendre que le passé était irréparable, et que l’avenir dépendait de leur sagesse.

Son plan d’ailleurs était fort simple. — Nommer partout des gouverneurs provisoires qui pourvussent aux premières nécessités des états, faire élire sous leur surveillance, dans chacun des anciens états rebelles, une convention constitutionnelle par tous les citoyens qui étaient électeurs suivant la constitution de l’état, telle qu’elle était avant la guerre, et qui pourraient prouver leur loyauté (cette dernière clause à peu près illusoire, mais bonne toujours à maintenir en principe) ; faire réviser la constitution, répudier l’ordonnance de sécession et rétablir les relations régulières du gouvernement de l’état avec celui des États-Unis par cette assemblée extraordinaire, dont les fonctions cesseraient dès que sa tâche serait accomplie ; faire nommer alors par le peuple de l’état une législature et deux chambres, leur imposer l’abandon de la dette rebelle, la