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prévisions du budget rectificatif. Nous voulons le croire ; cependant il y a tant d’inconnu dans une expédition qui s’accomplit à deux mille lieues de nos côtes, qu’il est bien difficile de savoir d’une façon certaine, au commencement d’un exercice, ce qu’elle coûtera plus tard, et il nous paraît prudent de compter encore pour 1866 sur un budget complémentaire. Si faible qu’il soit, joint au non-paiement des 25 millions par le Mexique, il suffira pour déranger singulièrement l’équilibre prévu pour 1866. Avec quoi parera-t-on à ce dérangement ? On a escompté pour le budget rectificatif toutes les ressources que l’on pouvait avoir ; on a escompté la plus-value des impôts, les annulations de crédit » Il ne reste plus que l’imprévu d’un supplément de produit des impôts au-delà de ce que l’on a escompté, ou des annulations de crédit pour des sommes plus considérables que celles que l’on a supposées. La garantie est loin d’être suffisante, et il est fort à craindre que le budget de 1866, moins heureux que celui de 1865, n’ajoute quelque chose aux déficits antérieurs.

Quant au budget de 1867, il fait plus que de nous promettre l’équilibre : il nous annonce un certain excédant qu’on pourra consacrer à l’amortissement, à cet amortissement supprimé depuis 1858, qui n’a fonctionné qu’un moment en 1859 et 1860, et qu’on voudrait rétablir à partir de 1867 comme une institution désormais régulière et permanente, aux besoins de laquelle il faudra pourvoir comme aux autres nécessités du budget.

Voyons sur quelles bases reposent ces espérances. M. le ministre des finances a fait cette année un grand effort ; il a obligé ses collègues les plus dépensiers, ceux de la guerre et de la marine, à se réduire, à faire des économies, et il a donné lui-même l’exemple dans son propre ministère. Le total de ces économies s’élèvera pour 1867 à 25 millions 1/2 ; il s’élèverait à 30 sans des supplémens de crédits qu’on accorde au ministère sur lequel il n’y a pas de réduction à faire, celui de l’instruction publique. Dans ces économies, la guerre contribue pour 14 millions, la marine pour 7, et le ministère des finances pour 6 ; le reste est retranché du ministère des travaux publics et de celui de la maison de l’empereur. On aurait peut-être pu faire mieux et ne pas s’arrêter en chemin dans la mesure qui a modifié la fonction des receveurs-généraux : on aurait pu la supprimer tout à fait et trouver là encore une nouvelle économie de 3 à 4 millions ; mais le gouvernement, pour une raison ou pour une autre, n’a pas cru devoir aller jusque-là cette fois. On aime cependant à croire que la mesure n’est qu’ajournée, et qu’elle viendra bientôt à la décharge de l’un de nos prochains budgets.

Nous ayons donc 25 millions d’économie sur le budget de 1867.