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de Ferdinand d’Avalos, marquis de Pescara, que tu as sollicité d’entrer dans cette alliance en lui promettant le royaume de Naples[1]. » Justifiant avec hardiesse tout ce qu’il avait fait lui-même en Italie, il en donnait la raison et s’en attribuait le droit. Il trouvait d’autant plus d’indignité dans les procédés dont le pape usait à son égard, que le saint-siège tirait de ses royaumes plus d’argent que de tous les autres pays ensemble. Il regrettait en quelque sorte d’avoir, par dévouement pour l’église romaine, fermé l’oreille aux plaintes amères des princes de l’Allemagne qui avaient tant de griefs contre elle, et il annonçait à Clément VII qu’il allait convoquer un concile dans lequel toutes les fraudes se découvriraient, et qui réformerait tous les abus de la cour pontificale, s’il persistait dans ses inimitiés. C’est par cette menace qu’il finissait sa lettre, après avoir invité le pape à cesser la guerre. « Je te demande, lui disait-il, de renoncer aux armes, j’en ferai autant. Puisque Dieu nous a établis comme deux grands luminaires, travaillons ensemble à éclairer la terre, et évitons que par suite de nos différends il y ait une éclipse. Songeons au bien de la république universelle, à l’expulsion des barbares, à la compression des sectes et des erreurs[2]. » Ce manifeste altier et pourtant pacifique, où les reproches se mêlaient aux justifications et les prières aux attaques, avait été envoyé depuis peu de jours, lorsque don Francesco de Mendoça apporta en Espagne la nouvelle du sac de Rome et de la trêve qui en avait été la suite[3]. Si l’empereur se félicita de la trêve, il marqua le déplaisir le plus vif du sac. Il dit que jamais aucune nation barbare n’avait osé faire une si grande injure au siège apostolique et accabler d’un tel opprobre cette sainte église qui était la capitale de la chrétienté. Il jura qu’il n’avait jamais donné une pareille commission, et que ce qui s’était fait à Rome lui pesait sur l’âme. Il avoua seulement que, voyant le monde entier contre lui et la guerre allumée non par sa faute, il avait accepté, sans avoir pu la refuser, l’assistance de ceux qui s’offraient à le servir[4].

  1. « Hoc enim Ferdinandi Davali Piscarii litteris docere possum, quem in hoc fœdus sollicitasti, promisso regno neapolitano. » Lanz, p. 220.
  2. Ibid., p. 220.
  3. Lettre du nonce Bald. Castiglione, écrite de Grenade le 11 novembre à l’archevêque de Capoue, t. II, p. 98.
  4. «… Ricordando che mai più era stato cosi barbara nazione né cosi inimica del nome di Cristo, che avesse osato a far tanto obbrobriosa ingiuria alla sede appostolica, e a quella santa chiesa, capo della cristianità… E dissemi sua maestà che appresso Dio egli pensava d’essere escusato, giurando che mai non avea dato tal commissione, et gti pesava nell’ anima di quello che s’era fatto : pero vedendosi tutto il mondo contra e una guerra accesa senza sua colpa, e stando circondato da tanti inimici, non potea rifiutar quelli che si offerivano di voler servire, accennando i Colonesi. » Ibid., p. 98.