Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 62.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ne pouvait plus rien demander à la république de Florence, dont il avait tiré depuis le commencement de la guerre près de 800,000 ducats[1]. Le roi de France lui annonçait sans cesse des sommes d’argent qui n’arrivaient que d’une manière tardive et insuffisante. Dans cet état de détresse, n’ayant plus le moyen d’entretenir les troupes qui défendaient les possessions de l’église vers le sud, nullement protégé vers le nord par l’armée des confédérés, trop timidement conduite pour s’opposer à la marche des Espagnols et des lansquenets campés sur les terres de l’église, il reprît ses terreurs et ses négociations. Afin d’éviter le danger imminent auquel il se croyait exposé, il entra derechef en pourparlers avec les impériaux.

Lannoy envoya à Rome l’écuyer de l’empereur Cesare Feramosca et son secrétaire Serenon. Les conditions qu’ils portaient étaient cette fois moins défavorables à Clément VII[2]. Charles-Quint tenait par-dessus tout à s’accorder avec le pape. Il espérait par là rompre la ligue franco-italienne dont le pape était le lien, préserver le royaume de Naples d’une invasion, faire passer l’armée du duc de Bourbon sur les terres des Vénitiens pour y vivre à leurs dépens[3], et les contraindre à une paix qui laisserait l’Italie à sa merci et le roi de France dans l’isolement.

Feramosca arriva à Rome avec les propositions de Charles-Quint pour suspendre la guerre en même temps qu’y arrivait Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, avec les instances de François Ier pour la continuer[4]. Guillaume du Bellay apportait à Clément VII très peu d’argent et beaucoup de promesses. Feramosca lui offrait une trêve moins inacceptable que la trêve précédente. Pendant quelques jours, Clément VII flotta entre ses animosités et ses frayeurs[5] :

  1. « Li signori fiorentini, dal primo d’aprile 1526 fino al moggio che si partiron li Medici, hanno speso per la guerra fatta parte in Lombardia parte in Toscana otto cento Mila ducati. » — Relatione di Firenze del Clarissimo Marco Foscari, tornato ambasciatoro da quella republica l’anno 1527. — Alberi, ser. I, vol. Ier, p. 33-34.
  2. Guicciardini, lib. XVIII. — Mémoire de Lannoy à l’empereur, §§ XXVI, XXVIII, XXVIII, dans Lanz, t. Ier, p. 701.
  3. Il l’écrivait ainsi au duc de Bourbon dans une lettre datée du 12 mai 1527 de Valladolid, où il avait assemblé les cortès pour avoir de l’argent : « En cas que n’ayiez pas fait d’autre nouveau appointeinent avec le pape devant la réception de cette lettre, qui soit meilleur que ladite tresve, vous observerez et garderez icelle selon sa forme et teneur pour avoir le pape pour nostre amy… » Il ajoutait : « Vous conduirez et mettrez vos gens en la terre des Vénitiens pour illec les entretenir et les contraindre a quelque bon appoinctement qui soit sebeur (sûr). > » — Archives impériales et royales de Vienne.
  4. Lettre du dataire Giberto au cardinal-légat Trivulzio, du 12 mars 1527. — Lettere di Principi, t. II, p. 59 v°.
  5. « Si Sforza mostrarsi più gagliardo che può. Et cosi tutti hieri et hoggi s’è stato hor col signor Cesare (Feramosca) bor con monsignor de Langes in continuo dibotto di concludere ò escludere quest’accordo. » Ibid., p. 60 r°.