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jalonné, comme tous les grands fleuves où la navigation est très active, par de nombreux fanaux situés sur l’une et l’autre rive, qui montrent au marin quelles directions il doit suivre afin d’éviter les bancs de sable par lesquels le chenal navigable est rétréci. Au-delà du Havre, la côte devient concave et forme un golfe assez large dont le fond n’est éclairé que par des feux d’ordre secondaire. Vient ensuite la presqu’île du Cotentin avec ses deux caps avancés en mer et deux phares, Barfleur et la Hague, qui en signalent les extrémités. L’un est à feu fixe et l’autre à éclipses ; le marin qui arrive de la haute mer ne saurait donc les confondre. Du cap la Hague jusqu’à Belle-Ile, en face de l’embouchure de la Loire, s’étend la presqu’île bretonne, dont le littoral, déchiqueté par la mer, se hérisse de tant d’îles, d’ilots et de récifs qu’on a été obligé d’y multiplier les phares afin de signaler au loin les dangereux écueils de ces parages. Il n’y a pas moins de neuf phares de premier ordre et huit d’ordre inférieur sur les côtes de Bretagne, et c’est là que s’élèvent les tours de Bréhat, des Triagoz et de Kermorvan, où l’art de l’ingénieur a lutté contre les plus graves difficultés des constructions de ce genre. A l’extrémité du Finistère, le phare d’Ouessant signale l’entrée de Brest ; de même le phare de Belle-Isle signale l’embouchure de la Loire. Belle-Isle est un des principaux atterrages de la côte de France. C’est là que les bâtimens au long cours viennent prendre connaissance de terre et rectifier leur route, pour aller à Nantes, à Saint-Nazaire, parfois même, quand les vents soufflent du sud, pour aller à Lorient.

Au sud de la Loire, le littoral redevient plus sain et moins accidenté. Les phares de l’île d’Yeu, des Baleines et de Chassiron suffisent, avec quelques feux intermédiaires d’ordre inférieur, pour signaler tous les dangers de la côte jusqu’à l’embouchure de la Gironde, que la tour de Cordouan, avec son feu à éclipses de minute en minute, éclaire d’une façon magistrale. Ici encore les feux se multiplient et s’étendent même dans l’intérieur des terres jusqu’à Blaye, sur les deux rives du fleuve. Enfin entre la Gironde et la frontière d’Espagne règnent les dunes de sable sans îles ni découpures intérieures. Les navires évitent d’en approcher. Il a fallu cependant trois phares de premier ordre pour jalonner cette longue étendue de côtes stériles ; mais il n’y a, sauf à l’entrée de l’Adour, aucun feu intermédiaire. C’est la partie la plus nue et la plus ingrate de notre littoral.

Les côtes de la Méditerranée sont saines en général, et la portée des phares y est plus étendue en raison de la plus parfaite transparence de l’air. On s’est contenté d’y établir sept phares de premier ordre et un petit nombre de feux de rang inférieur. Il est à