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discutées à chaque session, furent aussi singulièrement perfectionnées ; il en fut de même pour l’instruction publique, pour les lois sur la banqueroute, etc. Aussi, quand vint la session qui devait être la dernière de ce parlement, on sentait si bien de quel côté soufflait le vent populaire qu’au lieu d’être saisie par les partis comme une occasion de développer leur programme politique et de l’adresser à l’opinion en vue des élections qui allaient survenir, cette session fut l’une des moins intéressantes de la durée du parlement. Les propositions qui se renouvellent annuellement pour la réforme électorale, pour le vote au scrutin secret, pour l’abolition des church rates, échouèrent comme à l’ordinaire, et sans que la discussion à laquelle on les soumit présentât aucun trait nouveau. Les tories, pressentant leur défaite et comme déjà presque vaincus d’avance, ne firent qu’une démonstration à l’adresse du corps électoral. Par l’organe de sir Fitzroy Kelly, ils demandèrent l’abolition du droit sur la drêche, proposition qu’ils supposaient devoir être particulièrement agréable à la classe des agriculteurs, qui composent, avec le clergé de l’église établie, la principale clientèle du parti tory ; mais c’était une tentative qui n’avait aucune chance d’aboutir à un résultat pratique. Combattue par M. Gladstone, qui n’eut pas de peine à en faire justice, elle fut repoussée par la question préalable et par 251 voix contre 171. À cette manœuvre la majorité répondit de son côté par trois contre-propositions dont aucune ne fut convertie en loi, mais qui exercèrent toutes trois une certaine influence sur les électeurs. La première, qui fut repoussée par les communes, était relative à un remaniement des propriétés de l’église établie en Irlande, le plus sérieux, le seul sérieux peut-être de tous les griefs qu’aient encore à faire valoir les catholiques de ce pays. La motion échoua, mais elle fournit à M. Gladstone l’occasion de se prononcer pour le principe d’une réforme à faire dans le sens de la motion, acte considérable et qui produisit un très grand effet en Irlande. Une autre motion, présentée par M. Monsell, tendait à modifier la forme du serment que les catholiques ont à prêter pour entrer au parlement, et qu’après bientôt quarante ans de participation loyale aux travaux de la chambre des communes ils regardent aujourd’hui presque comme insultante. En effet, ce serment est encore ainsi conçu : « Je dénie et j’abjure solennellement toute intention de renverser l’établissement actuel de l’église tel qu’il est fixé par les lois dans ce royaume, et je jure solennellement de ne me servir d’aucun privilège qui déjà m’appartienne ou pourra m’appartenir pour troubler ou affaiblir la religion protestante ou le gouvernement protestant dans le royaume-uni. En présence de Dieu, je confesse, témoigne et déclare solennellement que je fais