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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 décembre 1865.

La fin de cette année marquera infailliblement une date dans l’histoire. Elle a donné à ceux qui ont le souci de voir la dignité humaine reprendre ses droits dans le gouvernement des sociétés modernes deux consolations éclatantes par le message du président des États-Unis et par les manifestations qui ont accompagné en Belgique le changement de règne : des faite pareils ouvrent même les yeux à ces habiles qui n’ont pas d’ambition plus fière que de raser la terre, afin de devenir les premiers courtisans du succès prochain. Des symptômes de cette force ne peuvent être trompeurs : ils sont l’aube certaine de l’avenir. Non, l’avenir ne sera point l’abrutissement de la démocratie sous le despotisme ; l’avenir appartient à la démocratie échauffée, élevée, ennoblie par les courans de cette électricité morale qui s’appelle la liberté.

Mais avant de considérer les belles perspectives qu’ouvrent sur la morale politique de notre époque les magnifiques déclarations de principes du président Johnson et les honnêtes effusions libérales du peuple belge et de son jeune roi, des intérêts immédiats et par conséquent plus pressans nous réclament. Voici la saison des affaires en politique qui va commencer chez nous et à peu près partout en même temps. Dans tous les pays de l’Europe, les pouvoirs exécutifs sont ou vont se trouver en présence des représentations nationales. En Italie, en Espagne, en Hongrie, en Belgique, les gouvernemens sont déjà en face des chambres ; en Angleterre, la vie parlementaire commencera le 1er février ; en France et en Prusse, elle s’ouvrira le 15 janvier. Or ce sont avant tout les affaires françaises qui nous préoccupent, et parmi ces affaires il en est une qui se présente avec un tel caractère de gravité et d’urgence, qu’il faut souhaiter qu’elle sorte résolue de la prochaine rencontre de notre gouvernement et de notre chambre des députés : nous voulons parler de la question mexicaine, et c’est de cette