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les meilleurs sont ensuite publiés dans un recueil, le Journal de l’Instruction publique, rédigé par le surintendant, M. P. Chauveau, et envoyé gratuitement à tous les maîtres d’école. Ces réunions font le plus grand bien. Les instituteurs, arrachés pour quelques jours à leur rude et uniforme tâche, y retrempent leur courage au contact de leurs confrères et de leurs supérieurs, et y puisent une provision d’idées nouvelles et d’aspirations vers le progrès. Des récompenses ont été accordées aussi à ceux qui tiennent le mieux leur classe et font faire le plus de progrès à leurs élèves. La publication du rapport général annuel tel qu’il a été rédigé l’an dernier forme encore un stimulant des plus énergiques. Ce document intéressant contient en effet les rapports particuliers de tous les inspecteurs, qui rendent compte de la façon dont l’instruction est donnée dans chaque district scolaire et souvent dans chaque école. Les lacunes, les négligences sont dénoncées sans pitié, les services rendus signalés avec éloge, et la publicité complète est ainsi la peine la plus sévère pour les uns, la récompense la plus efficace pour les autres. À ce propos, on peut signaler encore une excellente coutume des administrations de l’autre côté de l’Atlantique. Tandis qu’en Europe les rapports ne sont publiés d’ordinaire qu’assez longtemps après l’époque à laquelle ils se rapportent, en Amérique on les livre au public chaque année avec toutes les données de l’année précédente. Ce n’est pas le statisticien seul qui a lieu de se réjouir de ces procédés expéditifs. Les autorités scolaires et le public, instruits de la situation actuelle des choses, peuvent immédiatement porter remède aux abus et introduire à temps les réformes nécessaires.

Les progrès accomplis depuis l’introduction de la loi nouvelle sont vraiment remarquables, surtout dans les dix dernières années. En 1853, on comptait 2,352 institutions de tout genre avec 108,284 élèves, et les contributions locales pour l’enseignement montaient à 165,845 dollars. En 1864, il y avait 3,604 écoles avec 196,739 élèves, et les taxes locales s’élevaient à 593,964 dollars ou plus de 3 millions de francs ; à cette somme il faut ajouter le montant du subside de l’état, soit 112,158 dollars ou 583,000 francs. D’après un calcul fait en 1863, le nombre des enfans entre cinq et quinze ans accomplis aurait été de 304,429, et comme il y avait dans les différents établissemens d’éducation 193,131 élèves, on serait arrivé à ce résultat, que 60 pour 100 des enfans en âge d’apprendre les fréquentaient. Le rapport du nombre des élèves à la population totale, qui était de 1,156,000* donnait le chiffre de 16 pour 100 ; en d’autres termes, il y avait 1 écolier sur 6 habitans. Cette proportion, déjà très satisfaisante pour un état européen, est encore loin