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améliorer le sort des classes inférieures est un de leurs devoirs. Une nouvelle enquête ouverte en 1818 ne révéla guère de progrès. Les grandes guerres continentales avaient absorbé toutes les ressources et toute l’attention du pays. C’était beaucoup déjà cependant que d’essayer de voir clair dans une question qui ailleurs ne préoccupait point encore beaucoup les hommes d’état. En 1833, nouvelle enquête ; cette fois on découvrit une certaine amélioration. Environ 13 pour 100 des enfans allaient à l’école, mais celle-ci était généralement plus que médiocre, et le nombre des élèves qui y apprenaient à lire et à écrire couramment était très restreint. Enfin en 1833 le parti de la réforme, à la tête duquel se trouvaient lord Brougham et John Russell, parvint à faire adopter par le parlement le principe si passionnément contesté de l’intervention de l’état en matière d’enseignement primaire. Une somme de 20,000 livres sterling fut votée afin de venir en aide à la construction des bâtimens d’école. Pour ne point irriter encore plus les rivalités, religieuses déjà si excitées sur cette question, on répartit également le travail entre les deux grandes sociétés d’éducation, la National Society et la British and foreign Society. Depuis 1833, les subsides accordés par le gouvernement ont été sans cesse en augmentant, et ils s’élèvent maintenant à 20 millions de francs par an ; néanmoins les résultats sont encore loin d’être satisfaisans. Voici en quels termes M. Stuart Mill appréciait, il y a quelques années, la situation de l’enseignement primaire dans son pays : « L’instruction donnée en Angleterre au moyen des souscriptions volontaires a été tellement discutée en ces derniers temps qu’il est inutile d’en faire la critique détaillée. Je dirai seulement que, comme quantité, elle est et sera longtemps encore insuffisante, tandis qu’en qualité, quoiqu’il y ait tendance à l’amélioration, elle n’est jamais bonne que par accident et en général si mauvaise qu’elle n’a guère de l’instruction que le nom. » La tendance à l’amélioration dont parle M. Stuart Mill date du jour de l’intervention de l’état et a été en proportion de celle-ci. Tout ce qui concerne cette intervention a été réglé par la loi de 1847, amendée en 1862. Aujourd’hui toute école qui dépend de l’une des principales communions obtient un subside, à la condition qu’elle se soumette à l’inspection officielle et qu’elle offre des garanties suffisantes de capacité chez l’instituteur, de moralité, et d’instruction chez les élèves. Les grandes sociétés d’écoles, la société de l’église établie (National Society), la société britannique et étrangère (British and foreign Society), la société wesleyenne (Wesleyan éducation Committee) et la société catholique continuent à entretenir la plupart des établissemens d’instruction primaire ; mais, s’étant soumises à l’inspection officielle, elles prennent part