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dire de l’observation de M. Aristide Coumbary, qui a vu, le 8 mai 1865, à Constantinople, un point noir se séparer d’une tache voisine du bord oriental du soleil ; il l’a suivi pendant quarante-huit minutes, jusqu’à ce qu’il disparut par le bord occidental. D’après le croquis adressé à M. Le Verrier, un passage central eût duré environ une heure. Si donc cette observation se rapporte à une planète, il est certain que ce n’est pas celle de M. Lescarbault.

Voilà où en est la question des planètes intra-mercurielles. Les verrons-nous quelque jour figurer parmi les planètes officiellement reconnues ? C’est ce que l’avenir peut seul nous apprendre. En attendant, la lacune signalée par M. Le Verrier existe toujours.


R. RADAU.



ESSAIS ET NOTICES.

QUATRE FEMMES AU TEMPS DE LA RÉVOLUTION,
par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier.

Les traités de morale, les livres d’éducation, les recueils de préceptes, tous ces moyens abstraits et didactiques de fortifier les âmes et d’agir sur les cœurs n’ont aujourd’hui qu’une faible vertu. Nous aimons peu les leçons qu’on nous donne ; tout au plus souffrons-nous celles qui nous viennent d’elles-mêmes au spectacle des luttes qu’ont soutenues nos pères, des souffrances qu’ils ont endurées. Notre amour de l’histoire, voilà notre sauvegarde : nous permettons qu’on nous raconte ce qu’il nous ennuierait d’entendre professer, et à défaut de la morale proprement dite la morale en action conserve encore la chance d’être enseignée avec profit.

C’est là, ce nous semble, la pensée qu’a dû prendre pour guide l’auteur des esquisses historiques réunies dans ce petit volume que nous avons sous les yeux. Ce sont des portraits de femmes, et tels que la main d’une femme a pu seule les tracer, portraits qui ont entre eux ce trait d’analogie que les modèles, si différens qu’ils soient d’origine, de rang, de sentimens et de croyances, ont tous soutenu la même épreuve avec un courage presque égal, un courage héroïque et viril. Parmi ces femmes, il en est une qui les domine toutes, qui est hautement hors de pair, moins encore par sa couronne et sa naissance que par la grandeur de son infortune et de son âme ; c’est l’héroïne du Temple et de la Conciergerie, la plus attrayante des femmes et la plus noble des victimes, la reine Marie-Antoinette. En face de l’auguste martyre viennent deux autres femmes frappées de la même hache et la regardant aussi sans pâlir, Mme Roland et Charlotte Corday ; l’une portant sur l’échafaud l’exaltation d’un orgueil généreux à défaut du bienfaisant secours de la grâce chrétienne, l’autre les illusions brûlantes du dévouement patriotique. Puis enfin c’est un groupe de modestes figures moins connues de la foule, d’un héroïsme plus humain, plus simple et tout chrétien, la gloire et le deuil éternels d’une illustre maison ; nous parlons de ces cinq sœurs, dignes filles d’une admirable mère, dont la plus