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de la Belaya, et en dernier lieu du Pschisch et de l’Adagoum, affluens du Kouban. Celle du littoral de la Mer-Noire, fondée en 1834, dut être abandonnée au bout de peu de temps, au moins en partie, comme on l’a vu déjà, à cause des difficultés qu’offrait alors cette position. Les Cosaques chargés de défendre ces lignes avaient pour mission, avec leurs familles, de livrer à la culture le terrain d’alentour. Chaque poste se transformait promptement en stanitza (village cosaque) et devenait un établissement définitif. C’est ainsi que les montagnards se trouvèrent resserrés dans un cercle de plus en plus étroit et infranchissable.

Ces progrès continuèrent sans interruption, et sans nécessiter en même temps un trop grand déploiement de forces, jusqu’à l’époque où la défaite de Schamyl permit de tourner contre les tribus tcherkesses toute l’armée du Caucase. Le plan d’attaque contre ces tribus consistait à prendre à revers les populations des plaines basses du Kouban, à les pousser en avant sur les pentes septentrionales de la montagne, d’étage en étage, jusqu’aux sommets les plus élevés, dans des lieux où cesse toute végétation et où la roche nue ne présente à l’homme et aux animaux ni abri, ni moyen de subsistance, — ensuite à les rejeter sur le revers de la chaîne. Des détachemens partis ; de deux points opposés, du Kouban au nord, et de la province de Koutaïs au sud devaient, en marchant pour se rejoindre, cerner les montagnards acculés dans cet espace étroit et les prendre entre deux feux. Pour préparer l’exécution de ce plan, la province du Kouban fut organisée militairement, et forma la dix-neuvième division d’infanterie, renforcée par cinq bataillons de la ligne et les Cosaques de la Mer-Noire. Ce corps de troupes fut partagé en trois détachemens qui, dès l’automne de 1857, commencèrent à se mouvoir simultanément aux deux extrémités et au centre de la ligne du Kouban. Ces travaux préliminaires durèrent jusqu’en l’année 1860, où s’ouvrit la campagne. Il fallait d’abord réduire les tribus abazes, perchées dans les montagnes, aux sources des deux Zelentchouk, de l’Ouroup et de la Laba, et qui menaçaient d’inquiéter les derrières de l’armée. Ce soin fut confié au détachement oriental, dit de l’Adagoum. Les montagnards, forcés dans leurs retraites, mirent bas les armes et émigrèrent en Turquie. Le même détachement, poursuivant sa marche, soumit, par une suite d’opérations continuées pendant tout le cours de l’été et de l’hiver, la contrée comprise entre le Kouban et la baie de Novorossüsk. Les Natoukhaïs, isolés des Schapsougs, se rendirent à discrétion et prirent également le parti de passer sur le territoire ottoman. Leur exemple fut suivi par la tribu des Bjedoukhs, jadis à moitié ralliée aux Russes, et qui avait fait défection pendant la guerre de Crimée.

Sur les terrasses de la montagne qui du côté du nord s’élèvent,