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d’Oxford[1], le révérend Harvey Goodwin, doyen d’Ely, dont les adversaires eux-mêmes admirent le talent et l’énergie de caractère, le docteur Alford, doyen de Canterbury, l’un des hommes les plus instruits et l’un des plus éloquens prédicateurs de l’église anglicane, le docteur Pusey, qui a attaché son nom à une forme nouvelle du protestantisme, et beaucoup d’autres divines (théologiens) dont la présence ou le concours devait jeter de l’éclat sur une assemblée. Le congrès aime en outre à se fortifier en admettant un certain nombre de laïques dans la discussion des affaires de l’église. Les discours et les lectures se succèdent pendant quelques jours, embrassant une variété de sujets dont nul ne saurait méconnaître l’importance et qui se trouvent débattus en sens contraire par les divers orateurs. Les congrès de l’église n’ont aucun pouvoir législatif ; mais ils sèment dans les esprits des idées nouvelles et des germes de réforme qui pourront mûrir plus tard, fécondés par la lumière de l’opinion publique. Suivant l’usage invariable des Anglais, de telles assemblées se terminent par un grand banquet auquel le maire ou toute autre personne riche de la ville invite jusqu’à deux mille convives.

Un obstacle s’oppose toutefois aux développemens de la convocation et même du congrès ecclésiastique : cet obstacle est la division des doctrines. Il ne faut point perdre de vue que le clergé anglican se sépare en église haute (high church) et en église basse (low church). Cette distinction remonte, on a tout lieu de le croire, à une antiquité reculée. Elle existait en germe au temps même où l’Angleterre était catholique ; mais c’est la réformation qui lui donna une importance politique et sociale. L’église haute est celle qui de Henri VIII à Guillaume III s’était toujours rattachée à l’autorité royale et à la hiérarchie des évêques. L’église basse au contraire a ses racines dans la secte des puritains. On connaît les efforts des premiers et obscurs réformateurs pour propager la Bible. Avec le temps, de ces granges et de ces greniers où se réunissaient au péril de leur tête quelques adeptes sortirent le triomphe de la secte et l’avènement de Cromwell. La restauration à son tour expulsa de l’église l’élément puritain, et le refoula violemment dans l’obscurité. Tel était encore l’état des choses lorsque Guillaume III

  1. Samuel Wilberforce, né en 1805. Ses principaux ouvrages sont Agathos, Eucharistica, History of the American Church (Histoire de l’Église d’Amérique) et the Rocky Island (l’Ile Rocheuse). En sa qualité d’évêque d’Oxford (1845), il est de droit chancelier de l’ordre de la Jarretière. La reine l’a nommé en outre lord grand-aumônier. Comme orateur, il occupe à la chambre des lords, dans la chaire et dans les meetings publics, une place éminente.