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nationale reconnaît deux primats, l’archevêque de Canterbury et l’archevêque d’York ; mais le premier est métropolitain et primat de toute l’Angleterre, tandis que le second n’est que primat de l’Angleterre : distinction subtile, si l’on veut, mais qui n’en exprime pas moins l’ordre de dignité. L’évêque de Canterbury a l’honneur de couronner la reine lors de son avènement au trône, tandis que l’archevêque d’York couronne seulement le mari de la reine. Dans les cérémonies publiques, les deux primats ont le pas sur tous les pairs temporels du royaume à l’exception de ceux qui appartiennent au sang royal, et entre les deux prélats se place le lord chancelier d’Angleterre. L’archevêque de Canterbury étant bien le chef reconnu de l’église, c’est à lui que s’adressent les ministres du gouvernement pour le consulter dans toutes les affaires qui regardent la religion. A la chambre des lords, ses opinions, quand elles ne se trouvent point contredites séance tenante par les autres pairs ecclésiastiques, sont censées représenter l’avis du banc des évêques. L’Angleterre étant divisée, au point de vue clérical, en deux grandes provinces, la province de Canterbury et celle d’York, qui se subdivisent d’un autre côté en diocèses, les deux archevêques exercent une véritable juridiction sur leurs évêques suffragans. Entre les uns et les autres, il existe d’ailleurs plus d’une distinction honorifique. L’archevêque en style officiel exerce ses fonctions « par la divine Providence, » tandis que les évêques siègent seulement « par la permission divine. » A son avènement dans le diocèse, l’évêque n’est qu’installé, l’archevêque au contraire est placé sur le trône (enthroned). Ces signes extérieurs ne font après tout que consacrer la gradation hiérarchique des pouvoirs. Il arrive le plus souvent que les archevêques d’York succèdent au trône de Canterbury dans le cas où il se présente une vacance, et le primat actuel de toute l’Angleterre, le docteur Longley, ne fait point exception à cet usage. Le traitement des archevêques de Canterbury s’élève à 15,000 livres sterling (375,000 francs) par an. Une très ancienne coutume veut qu’ils distribuent trois fois par semaine de l’argent, du pain et des vivres à dix pauvres de la paroisse de Lambeth. Cette paroisse est une des plus mal partagées de Londres, et le palais s’élève au milieu d’un pâté de masures où abondent toutes les misères. Aux jours de distribution, un sombre groupe attend devant la grande entrée féodale que la porte veuille bien s’ouvrir, et, comme le personnel des dix mendians se renouvelle trois fois par semaine, c’est en tout trente pauvres qui reçoivent ainsi la charité. Cette demeure archiépiscopale reçoit encore tous les ans un autre genre de visiteurs. Le jour de l’installation du nouveau lord-maire, une procession aquatique a lieu sur la Tamise. Lorsque