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parlementaire de mettre ce temps à profit pour formuler leurs idées et recruter des adhérens. On peut donc dire que si elle n’est traversée par un accident, l’Angleterre marche à une réforme électorale. La base de la représentation sera agrandie ; un élément populaire nouveau, fourni surtout par les classes ouvrières, sera admis à la représentation ou, pour parler comme les Anglais, introduit dans le cercle élargi de la constitution.

Cette rénovation électorale et parlementaire, ne s’accomplira point sans soulever d’énergiques et longues contestations ; — À quoi bon la réforme, disent les libéraux, puisqu’il n’y ai plus d’abus crians à supprimer, et que le parlement actuel, de l’aveu de tous est assez éclairé et assez bien intentionné pour faire la guerre aux abus de ce genres s’il en existe ? — Le débat s’établira entre deux argumens : celui des libéraux conservateurs, qui disent : « Vous qui voulez réformer le parlement, indiquez les réformes que le parlement actuel ne veut ou ne peut point accomplir, » et celui des radicaux, qui disent, avec M. Gladstone : « Vous qui voulez exclure les classes ouvrières de la constitution, prouvez donc qu’elles ne sont point dignes, d’y entrer. » On se renvoie ainsi des uns aux autres la tâche d’une démonstration négative. Il est un autre argument mis en avant par les ouvriers de Glasgow dans leur adresse à M. Gladstone, et répété à Bradford par M. Forster, qui nous paraît devoir infailliblement décider la question en faveur du droit populaire : « Faut-il donc que, pour devenir citoyen, l’ouvrier anglais soit obligé de passer l’Atlantique ? » Cette allusion aux États-Unis, où le dernier émigrant anglais est admis à la souveraineté, doit donner à réfléchir aux adversaires de l’avènement du peuple au droit électoral. Après tout, l’aristocratie britannique aurait tort d’oublier que la république américaine est un rejeton spontané de la race anglaise, et que l’Angleterre repose sur une couche d’hommes identiques à ceux qui aux États-Unis savent si bien pratiquer le suffrage universel.

Nous sommes impatiens, nous l’avouons, de voir s’ouvrir la prochaine session du congrès américain. Nous attendons de cette réunion des représentans des États-Unis quelques éclaircissemens sur une question qui préoccupe en France tous ceux qui ne font point effort pour endormir leur patriotisme ; Nous voudrions être fixés le plus tôt possible sur la situation de la politique française au Mexique. Nous espérons assurément que le compte-rendu annuel de la situation de l’empire ou un de ces livres jaunes qui se publient ici au commencement de la session nous mettra au courant des communications diplomatiques qui ont pu être échangées entre la France et les États-Unis au sujet du Mexique, et nous édifiera sur la limite de temps que notre gouvernement compte mettre à cette entreprise. Notre vœu serait que la France assignât d’elle-même le terme du concours que nous nous proposons de donner à l’empereur Maximilien, afin de placer