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Son œil est vierge du jour,
Son cœur de souffrance,
Hier pour lui c’est l’amour,
Demain l’espérance.

Il est comme sont les fleurs,
Parfum et mystère ;
À peine si par ses pleurs
Il tient à la terre !
Que faut-il pour l’apaiser ?
Un mot, s’il soupire ;
S’il se réveille, un baiser ;
S’il dort, un sourire.

Il dit déjà, savez-vous ?
Mille et mille choses,
Rien qu’avec le souffle doux
De ses lèvres roses.
C’est un langage charmant,
Fait de mots étranges,
Que comprennent seulement
Sa mère — et les anges.

Bonjour, petit nous si cher,
Rayon de ma flamme !
O baiser qui s’est fait chair !
Bonjour, petite âme,
L’espoir t’appelle avenir,
C’est un gai baptême ;
Mais ton nom est souvenir,
C’est pourquoi je t’aime.

Ah ! cher tyran, quel qu’il soit,
Le nom qui te nomme,
Déjà l’on souffre par toi…
Tu seras un homme.
Qu’importe, ô mon doux vainqueur ?
Va, fais l’on office…
La gourmandise du cœur,
C’est le sacrifice !