Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bade, le Wurtemberg, les deux Hesses, le duché de Nassau, la Prusse rhénane, le Hanovre, les duchés de Brunswick et d’Oldenbourg, les villes hanséatiques. On doit même remarquer que pour les relations de Gênes et de Milan avec la Prusse orientale, avec Dresde, Prague, Nuremberg et Augsbourg, le Saint-Gothard l’emporte sur le Brenner. On voit donc quelle riche clientèle est assurée au Saint-Gothard quand il aura ouvert un débouché nouveau aux produits germaniques. Les houilles du bassin de la Sarre coûteront alors à Milan de 37 à 45 francs la tonne tandis que les houilles anglaises y coûtent actuellement de 54 à 57 francs. Les fontes brutes, les fers forgés et laminés de l’Allemagne pourront arriver dans la Haute-Italie avec un transport moins cher que le fret d’Angleterre. A la vérité il y a quelques relations que le Lukmanier semblerait favoriser il raccourcit, par exemple, pour la Haute-Italie et notamment pour le port de Gênes, de 41 kilomètres le parcours jusqu’à Ulm, et de 50 kilomètres le parcours jusqu’à Augsbourg et Munich; mais ce n’est guère là qu’un avantage apparent, car ces dernières villes trouvent par le Brenner une route beaucoup plus courte vers les ports de l’Adriatique. Que sert au port de Gènes que le Lukmanier le rapproche un peu de la Bavière, si Munich a par le Brenner un trajet beaucoup moins long jusqu’à Venise ou Trieste? C’était donc une illusion de croire que le port de Gènes avait un intérêt majeur à être relié par le Lukmanier au lac de Constance. En résumé, pour tout ce qui concerne le trafic spécial de l’Italie avec l’Allemagne, aucune ligne n’offre les mêmes avantages que celle du Saint-Gothard. C’est celle-là notamment qui convient au port de Gènes, parce qu’elle lui procure un marché sur lequel il pourra lutter avec Marseille et Trieste; elle lui ouvre les pays rhénans, où sont accumulées tant de richesses naturelles et tant d’industries diverses.

Dans le tableau qui résume les relations commerciales de l’Italie, la France figure au premier rang. Son commerce général avec la péninsule entière, y compris les états de l’église, est représenté en 1861 par le chiffre de 509 millions de francs, dont 369 appartiennent au commerce spécial et 140 au transit. Ce mouvement considérable se fait aujourd’hui soit par mer, soit par la route qui borde la côte ligurienne, soit par la ligne du Mont-Cenis. Il est certain qu’une grande partie du commerce franco-italien continuera de suivre ces voies. Toutefois un-chemin helvétique desservira spécialement les départemens du nord et du nord-est, qui sont les plus industrieux de l’empire français. Ici on voit tout de suite que le Lukmanier, par sa situation orientale, se présente avec un désavantage marqué. Quant au Simplon, la zone qui lui appartiendrait est comme