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M. Lanicca le met à 1,118 mètres, et il atteint alors une longueur de 17k,50. Si nous avions à choisir entre ces deux projets, c’est au premier que nous donnerions la préférence; c’est donc celui-là que nous prendrons pour guide, en comparant le tracé du Lukmanier et celui du Saint-Gothard.

Cette comparaison directe offre un intérêt capital, car, à vrai dire, et pour plusieurs raisons, ces deux passages, voisins l’un de l’autre, sont ceux sur lesquels, à diverses époques, les chances les plus favorables ont paru se porter. La vallée du Rhin entre Coire et Dissentis offre à coup sûr moins de difficultés que la vallée de la Reuss entre Fluelen et Goeschenen. Dans la partie moyenne du parcours, les travaux à faire sur les deux montagnes sont à peu près équivalens; mais la comparaison des versans méridionaux est tout à fait à l’avantage du Saint-Gothard. En quittant le tunnel du Lukmanier, le chemin doit descendre, par des lacets dont le développement n’a pas moins de 14 kilomètres, dans une crevasse profonde formée par les deux pyramides de la Toïra et du Sosto. On rencontre là des obstacles beaucoup plus redoutables que ceux que présente l’autre ligne entre Airolo et Giornico. Si maintenant on examine successivement les deux grands souterrains, on trouve que celui du Lukmanier est plus court que celui du Saint-Gothard de 2k,15, mais qu’en revanche celui-ci est placé 120 mètres plus bas que l’autre. Or, dans ces régions élevées, une différence d’altitude de 120 mètres vaut bien une différence de 2 kilomètres dans la longueur du tunnel. Les deux souterrains se présentent à peu près dans des conditions semblables sous le rapport des roches à percer; mais il est une remarque importante qui s’applique à l’ensemble des ouvrages à exécuter sur le Lukmanier, c’est que cette montagne n’a pas de route, et qu’il faudrait commencer par en faire une pour les travaux du chemin de fer.

Le Splugen, qui conduit de Chiavenna à Coire par une hauteur de 2,117 mètres, a été étudié par MM. Vanotti et Finardi. Ces ingénieurs proposent plusieurs tracés, dont le plus favorable atteint 1,296 mètres d’altitude et présente un tunnel de 14k,15. Le maximum des pentes est de 25 millièmes, et le rayon. des courbes n’est jamais inférieur à 300 mètres. La ligne totale entre Coire et Riva di Chiavenna offre un développement de 111 k, 9 dont 66k, 6 à ciel ouvert et 45k,3 en souterrains. Il y a deux rampes en spirale du côté nord et un nombre égal du côté sud. Les principaux ouvrages d’art sont, sans compter le grand tunnel, le passage de la Via Mala, celui de la Rofna et, sur le versant méridional, les abords de Campo Dolcino; tous ces ouvrages présentent des difficultés de premier ordre.

Peut-on, en présence des données que nous ont fournies les in-