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le développement qu’on ne rencontre pas dans la vallée principale. On peut aussi utiliser les contre-forts saillans que l’on rencontre pour faire monter le chemin en spirale; la ligne forme ainsi une sorte de boucle et passe deux fois au même endroit, mais à des hauteurs différentes. Sur une voie construite dans ces conditions, le transport des voyageurs peut se faire au moyen de locomotives moyennes à quatre roues semblables à celles qui servent aux compagnies du Nord-Est et du Central-Suisse. Ces machines, sur une rampe de 25 millièmes, remorquent un train de 80 tonnes avec une vitesse de 25 kilomètres à l’heure. Le transport des marchandises pourra être opéré par un attelage de deux locomotives du type des grandes machines employées par ces mêmes compagnies et qui traînent ensemble, sur une rampe de 25 millièmes, une charge brute de 250 tonnes, non compris le poids des machines et des tenders.

C’est suivant les principes qui viennent d’être exposés due le tracé du Saint-Gothard a été étudié par deux ingénieurs distingués, M. Beckh, qui a construit le Nord-Est suisse, et M. Gerwig, conseiller supérieur des ponts et chaussées dans le grand-duché de Bade. Le bel ouvrage qu’ils ont publié avec de magnifiques cartes, le Chemin de fer du Saint-Gothard sous le rapport technique, donne le tracé entier depuis Fluelen jusqu’à Biasca, qui sont, à proprement parler, les deux points extrêmes du chemin alpestre. Nous essaierons de faire connaître sommairement ce projet. Comme M. Gerwig s’est occupé aussi du passage du Lukmanier, et qu’un ingénieur italien, IVI. Vanotti, a récemment appliqué à l’étude du Splugen des idées tout à fait semblables à celles du conseiller badois, il nous sera facile ensuite de comparer entre eux les principaux chemins alpestres sur lesquels l’attention publique est maintenant appelée.


II.

Le Saint-Gothard est un massif de montagnes situé entre les cantons d’Uri et du Tessin. La hauteur des sommets qui le composent varie entre 2,500 et 2,900 mètres. Au milieu du massif est un col situé à 2,093 mètres; c’est là que passe la route célèbre qui réunit le lac des Quatre-Cantons au Lac-Majeur, Zurich et Bâle à Milan. Avec les hauteurs de la Furka et du Grimsel, qui l’avoisinent à l’ouest, le Saint-Gothard formé le centre et comme le nœud de tout le système orographique de la Suisse. La chaîne bernoise, la chaîne pennine ou valaisane s’y rattachent à l’ouest et au sud-ouest. C’est du massif du Saint-Gothard que part au sud-est le groupe de l’Adula, qui traverse les Grisons et le Tessin. C’est de là que remontent vers le nord les deux groupes du Titlis et du Tœdi, dont le premier sé-