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ché qu’il n’aurait pas eues sans cela. Néanmoins, à part cette intervention, qui a été heureuse, bien qu’elle se soit fait payer un peu cher, je ne connais guère d’affaires organisées directement par les soins du Crédit mobilier qui aient prospéré, qui aient donné des résultats en rapport avec ceux qu’on s’en promettait.

Je prends d’abord la grande société des chemins de. fer autrichiens, dont les actions, cotées à l’origine de 8 à 900 francs, sont aujourd’hui à 400, puis les chemins de fer russes, dont les titres ont disparu de la cote française et qui sont sensiblement au-dessous du pair, — les chemins espagnols, dont celui du nord de l’Espagne est à 190 francs et celui de Cordoue à Séville plus bas encore, puis ces autres sociétés de Crédit mobilier organisées en pays étrangers, qu’on a appelées les sœurs cadettes de celle de Paris, et qui semblent en effet n’avoir été créées que pour venir en aide à la sœur aînée, tels que les crédits mobiliers espagnol, italien, néerlandais. De ces trois-là, l’espagnol seul se maintient aux environs du pair après s’être élevé jusqu’à 900 francs. Enfin il faut citer la Compagnie maritime, dont les actions dépréciées ont été noyées dans la Compagnie transatlantique, qui est encore trop nouvelle pour être jugée, et la Compagnie immobilière, qui, après plusieurs transformations successives ayant eu leur jour d’éclat et de faveur, se traîne péniblement aux environs du pair. Je ne parle pas de la canalisation de l’Èbre et d’autres petites affaires qui ont fait un naufrage plus ou moins complet et dont il n’est plus question; je ne parle pas non plus d’une autre intervention moins heureuse qui a fait quelque bruit dans le temps et qui a grevé deux compagnies puissantes de charges qui pèseront longtemps sur leur avenir ainsi le rachat du chemin de Montereau par la compagnie de l’Est et celui du chemin de Saint-Germain par celle de l’Ouest. Ces exemples suffisent pour montrer que le Crédit mobilier est loin d’avoir fait prospérer toutes les affaires dont il s’est mêlé.

Maintenant pourquoi en a-t-il été ainsi? pourquoi le Crédit mobilier a-t-il été moins heureux dans l’administration que dans l’organisation de ses affaires? La raison en est bien simple, c’est qu’il n’y avait pas le même intérêt. La question essentielle pour le Crédit mobilier, c’était d’organiser des affaires. La bonne administration de l’entreprise était chose secondaire, ne devant jamais donner autant de bénéfices que l’organisation, et ne devant d’ailleurs les donner qu’à longue échéance. Le Crédit mobilier était pressé de réaliser; c’est ainsi qu’on le voit, dans sa période de faveur, organiser sans cesse des affaires nouvelles, et quand il s’occupe des anciennes, c’est pour leur préparer des fusions, des transformations qui donnent immédiatement une plus-value aux actions. Le