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sont les valeurs publiques, celles précisément qui avaient été émises par suite de la trop grande immobilisation du capital, et qui représentaient les affaires plus ou moins douteuses organisées tant en France qu’à l’étranger. En un mot, la crise de 1863 a été une crise financière, tandis que celle de 1857 avait surtout été une crise commerciale.

Parmi les élémens qui ont contribué à la crise de 1863, il y en a de particulièrement regrettables ce sont, bien entendu, d’abord les dépenses extraordinaires de l’état, qui, au point de vue économique, n’ont rien rapporté; c’est ensuite l’exagération donnée aux travaux des villes, enfin l’absorption des capitaux français par les entreprises étrangères. Nous ne dirons qu’une chose en ce qui concerne les travaux des villes et notamment ceux de la ville de Paris, qui naturellement est la première en cause c’est que de tels travaux, poussés avec trop de précipitation, ont été une grande faute au point de vue politique et économique. Au point de vue politique, ils ont amené dans la capitale une agglomération d’ouvriers qui à un moment donné peut être un embarras sérieux. Une grande partie de ces ouvriers vivent de la transformation de la capitale; que feront-ils quand cette transformation sera terminée? Retourneront-ils dans les villes, dans les campagnes qu’ils ont quittées? Assurément non. Il faudra leur trouver de nouvelles occupations. Aussi nous doutons fort que les travaux de Paris s’achèvent jamais. Déjà même, en les poussant avec l’activité qu’on y met, on obéit plus qu’on ne le croit à la triste nécessité de fournir du travail à ceux qu’on a trop attirés; on a détaché le rocher de Sisyphe, on le roule maintenant. Réussira-t-on jamais à le mettre d’aplomb?

Au point de vue économique, ces travaux, poussés avec trop de précipitation ont un double inconvénient ils contribuent à faire renchérir le capital, et ils donnent à la main-d’œuvre un prix artificiel. Il est incontestable que 2 ou 300 millions consacrés par an à la transformation des villes, et attirés par des moyens comme les emprunts avec lots et primes et les spéculations sur les terrains ou sur les constructions, que ces 2 ou 300 millions ne sont pas sans influence sur le renchérissement du capital. Or le renchérissement du capital, c’est pour le commerce et l’industrie une cause de gêne et de ralentissement; c’est plus que cela pour l’agriculture, c’est une véritable ruine. Depuis qu’on s’est mis à dépenser tant d’argent pour des besoins un peu factices, l’agriculture ne trouve plus de capitaux, et elle est dans un état de détresse effroyable. Quant à l’élévation artificielle du prix de la main-d’œuvre, c’est aussi un grave inconvénient ce prix réagit sur la production, il la rend plus coûteuse, et, comme les facultés de chacun ne se