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que, dans la période quinquennale suivante, l’augmentation n’a été que de 10 pour 100 (4 milliards. 988 millions en 1857 et 5 milliards 432 millions en 1862). Les années 1863 et 1864 n’ont pas changé la proportion[1]. Quant aux opérations de la Banque de France, elles ont augmenté, de 1852 à 1857, de 46 pour 100 (4 milliards 113 millions en 1852, 6 milliards 5 millions en 1857), et de 28 pour 100 seulement de 1857 à 1862 (6 milliards 65 millions en 1857, 7 milliards 783 millions en 1862). Et encore le chiffre de 1862 a-t-il été un chiffre exceptionnel, en augmentation de près de 1 milliard 200 millions sur l’année précédente, et qui aujourd’hui est à peine dépassé. Ce n’est donc pas l’expansion du commerce et de l’industrie qui a été comme en 1857, la principale cause de la crise; il faut l’aller chercher ailleurs, dans les immobilisations de capitaux dont nous avons parlé, dans les 3 ou 400 millions consacrés par an à nos chemins de fer, dans les 300 millions donnés à la transformation de la capitale et d’autres grandes villes, dans les appels de fonds faits pour le compte de l’étranger, dans les dépenses extraordinaires de notre gouvernement. C’est là, plus que dans le développement du commerce, qu’on trouvera la cause principale de la crise de 1863 et 1864.

Cette cause a été la même aussi en Angleterre. L’Angleterre n’a pas dépensé, comme nous, 3 milliards en dehors des prévisions de son budget, elle n’a pas consacré, comme nous, 3 ou 400 millions par an à ses chemins de fer; mais elle a eu à faire face à d’autres dépenses extraordinaires. Elle s’est mise à commanditer l’industrie et la banque dans le monde entier la seule année 1863 a vu éclore 263 sociétés nouvelles, au capital de 2 milliards ½, dont un, à verser en 1864. L’année 186à a donné naissance à 282, à un capital au moins égal, sinon supérieur. C’est cet emploi extraordinaire du capital en dehors du commerce qui, en Angleterre comme en France, a été la cause principale de la crise de 1863 et 1864. Et ce qui prouve bien que cette crise n’avait pas un caractère commercial, c’est qu’elle s’est fait sentir à peine ou qu’elle ne s’est pas fait sentir du tout dans des pays commerçans comme Hambourg et Amsterdam, qui avaient fort souffert de la crise de 1857. Il n’y a pas eu non plus la même dépréciation qu’en 1857 sur l’ensemble des produits. Ce qui a souffert surtout pendant la dernière crise, ce

  1. Il est vrai que l’année 1857 a été une année exceptionnelle pour le développement commercial, puisqu’elle a dû aboutir à une crise; l’année suivante, celle de 1858, a été, dans le sens inverse, une année de ralentissement. Cependant, si nous la prenons pour point de départ de la dernière période quinquennale, nous trouvons que l’augmentation de 1863 sur 1858 a été de moins de 40 pour 100, 4 milliards 408 millions en 1858, et 6 milliards 189 millions en 1863.