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meetings et des adresses au peuple, d’accroître encore l’intérêt général en faveur du service qu’il représente. Tous les ans, il soumet à la législature un rapport détaillé sur la situation de l’enseignement dans l’état on tire ce document à un grand nombre d’exemplaires et on le distribue dans tous les districts. Les lacunes ou les défauts du système en vigueur y sont hardiment dénoncés et les réformes nécessaires signalées et démontrées. Quelques-uns de ces rapports, notamment ceux de MM. E. Potter de Rhode-Island et Victor Rice de New-York, Horace Mann et Henry Barnard du Massachusetts, forment d’admirables travaux qu’on ne peut assez consulter. La beauté du papier et de l’impression, l’élégance de la reliure, tout, jusqu’à ces menus détails, montre qu’il s’agit d’un objet qui tient au cœur de la nation entière.

Dans l’organisation qu’on vient d’esquisser, deux traits me frappent. En premier lieu, c’est l’application du principe économique de la division du travail. Sur le continent européen, les corps administratifs ordinaires sont chargés du soin de l’enseignement primaire en Amérique, des commissions sont nommées à tous les degrés pour s’occuper uniquement de l’école. L’avantage est qu’on peut ainsi choisir des hommes spéciaux, chargés d’une mission spéciale et spécialement responsables de tous leurs actes. C’est le plus sûr moyen de tirer parti de toutes les forces dont on dispose. Le second trait qui mérite d’être noté est que le seul ressort qui fait tout marcher, c’est la publicité. La parole et la presse, voilà les forces vives qui impriment le mouvement. Le surintendant, dont l’influence est énorme, n’agit sur les législateurs, sur les comités, sur les électeurs, dont au fond tout dépend, que par des discours et des rapports. La conviction fait tout, la contrainte rien. Ce système suppose plus de lumières et exige plus d’efforts, mais il est bien plus efficace parce qu’il est supporté par l’appui empressé de tous. Il serait prématuré de l’adopter partout en Europe; ce serait déjà pourtant un honneur et un bienfait que d’y tendre.

Les bâtimens d’école sont très différens d’aspect, suivant l’ancienneté de l’état auquel ils appartiennent. Dans l’ouest, au milieu de familles à peine assises sur le sol qu’elles conquièrent à la civilisation, ce ne sont guère que de grossiers chalets en poutres superposées, log-house. Dans les campagnes de l’est, c’est une simple maison à un étage, située dans un endroit salubre, gracieusement couronnée de verdure et décorée des guirlandes de la vigne et des lianes. Dans les villes comme Philadelphie, Boston ou New-York, ce sont d’imposans édifices à trois étages où tout est admirablement disposé pour l’usage auquel ils doivent servir. Afin de donner une idée de la disposition de ces bâtimens, entrons dans une des nou-