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mens plus précis et à plus courte échéance envers le libéralisme avancé. M. Gladstone se trouvera placé dans la chambre entre les sarcasmes des tories, les invitations caressantes des radicaux, la défiance des whigs et au besoin les attaques des libéraux conservateurs, qui ont pour orateurs des hommes d’un vrai talent, tels que MM. Lowe et Horsman. L’inconnu de l’avenir, c’est la marche que suivra M. Gladstone : il nous paraîtrait étrange en tout cas que l’on exigeât de M. Gladstone la continuation de la politique temporisatrice et stagnante qui a été celle de lord Palmerston. Un homme doué comme l’est le nouveau leader des communes est fait pour le mouvement, non pour l’inaction. La politique étrangère ne peut non plus rester stationnaire. Si dans les circonstances actuelles l’Angleterre répugne à toutes les alliances, si elle ne veut rien faire en participation avec qui que ce soit, qu’elle proclame du moins ses principe ? libéraux, et qu’elle les maintienne de telle sorte que cette action morale puisse être de quelque profit aux causes libérales du continent.

L’opinion publique en France, avec une réserve décente, se demande depuis quelque temps si nous allons faire un pas en avant et dans quel sens. Nous avons noté au passage ces symptômes de l’opinion sans être en état d’éclairer les timides impatiences qu’ils révèlent. Cependant on nous annonce aujourd’hui un progrès qui, pour n’être point de l’ordre politique le plus relevé, n’en aurait pas moins une certaine importance. Il paraît que les grands débats auxquels la conduite de nos finances a donné lieu au sein du corps législatif, au commencement de cette année, n’auraient point été négligés par l’esprit attentif de l’empereur. Nous l’avons répété maintes fois quant à nous : réduire les dépenses, se ménager des excédans de revenus, voilà où est aujourd’hui le point d’honneur gouvernemental. Henri IV avait une réserve d’écus, Napoléon entassait des millions dans les caves des Tuileries ; la plus sûre, la plus efficace, la plus utile des tirelires, c’est maintenant de se réserver chaque année dans son budget un surplus des revenus sur les dépenses ; c’est ainsi qu’au point de vue intérieur, comme au point de vue extérieur, la politique acquiert sa véritable liberté d’action. L’empereur aurait donc engagé les ministres à présenter leurs budgets avec des réalisations d’économies. On estime que les dépenses pourraient être ainsi réduites d’environ 30 millions. Les économies notables porteraient sur les budgets de l’armée et de la marine, et uniraient par conséquent un heureux caractère politique à l’avantage financier. La pensée du ministre des finances, approuvée par l’empereur, irait plus loin : on voudrait, en établissant le principe d’un excédant disponible du budget, revenir, sous une autre forme que l’ancienne, au rachat de la dette : par annuités variables, à l’amortissement. Les mesures dont on parle sont à coup sûr dignes d’attention et d’éloges : on nous affirme qu’elles sont très sérieusement décidées, que l’empereur en a l’exécution à cœur. Le ministre des finances a préludé à cette économie par l’annonce, plutôt encore que par la réalisation, d’un changement important dans l’organisation.