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Le jeune parlement italien s’est enfin constitué, et la chambre des représentans a montré par la composition de son bureau qu’elle incline vers le parti avancé. Ce résultat ne nous surprend point. En général c’est à leur début que les assemblées apportent le plus de vivacité dans leurs opinions : l’âge et le contact des affaires ne les refroidissent que trop tôt. La question d’Italie n’est point d’ailleurs terminée ; elle demeure suspendue par deux bouts à Rome et à Venise ; cette prolongation d’une situation indécise fatigue naturellement la patience italienne malgré la bonne réputation dont elle jouit. Nous ne craignons point que la tendance un peu avancée qu’ont accusée les premiers scrutins de la chambre compromette la marche régulière et sage de la politique italienne. Il y a là cependant un symptôme auquel on doit prendre garde. Les Italiens ont une raison positive de se montrer un peu moins patiens qu’on ne voudrait, c’est l’état de leurs finances. En face de dépenses qui entraînent des déficits annuels si considérables, il est permis de prendre l’alarme et de demander à en finir d’une façon quelconque. Le véritable intérêt de la session sera dans les questions financières que M. Sella est en train, à l’heure qu’il est, d’aborder résolument. Nous attendons avec curiosité l’exposé financier du ministre italien. Il est clair que de toute nécessité M. Sella devra demander de grandes économies aux ministères dépensiers et de grandes ressources à l’impôt. Il y aura plus tard sans doute à recourir encore à l’emprunt ; mais il serait désastreux de vouloir emprunter avant que le crédit de l’Italie ait été amélioré par l’établissement d’une proportion meilleure entre les recettes et les dépenses. En ce moment aussi, l’Autriche tente sa grande expérience de réorganisation. Le problème que l’empereur François-Joseph cherche à résoudre est la formation d’une confédération, sous l’unité monarchique, d’états peuplés de races diverses. Pour qu’il y ait une bonne solution, il faut que chaque état confédéré soit doté d’une représentation partielle organe de son autonomie, et entre pour sa quote-part dans une représentation générale organe central de la monarchie. Ce problème est des plus compliqués, et il nous semble qu’à s’imposer la tâche de le résoudre, l’empereur d’Autriche a montré autant de loyauté que de hardiesse. Les projets de l’empereur sont heureusement secondés par les races slave et hongroise. La diète hongroise sous la conduite du respectable M. Deak parait disposée à faire à l’empereur le meilleur accueil. En attendant, c’est dans les provinces allemandes qu’éclatent les murmures et les impatiences. Les représentans des provinces allemandes se vantent à bon droit d’avoir toujours donné à l’empire le concours le plus persévérant et le plus utile ; c’est justement parce qu’ils sont les fils aînés de l’empire qu’ils devraient se montrer mieux disposés à seconder une expérience d’où peut dépendre la régénération de la grande monarchie autrichienne. Le centralisme allemand s’est essayé en Autriche sous deux formes, la forme absolutiste avec le prince Schwarzenberg et la forme parlementaire avec M. de Schmerling, Les deux systèmes, quoiqu’on ne