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loger des réserves de troupes, et contenant, indépendamment de cinq ou six pièces de campagne en batterie, un approvisionnement d’armes et de munitions. La nuit se faisant, les pièces ont été enclouées, les affûts brisés, et les troupes, sans être inquiétées, se sont repliées vers les embarcations après avoir mis le feu aux logemens de l’ouvrage. Cette conquête leur a toutefois causé des pertes assez sensibles : huit morts et une quarantaine de blessés ont été successivement portés au rivage. Parmi ces derniers sont deux officiers des marines et le capitaine de vaisseau Alexander, qui, blessé d’une balle au pied vers le milieu de l’action, a dû remettre le commandement au lieutenant-colonel Suther.

La fin de cette seconde journée nous voit donc en possession définitive de la première partie du détroit ; à cette heure, quarante-deux pièces de canon sont au pouvoir des divisions alliées.

Le lendemain, 7 septembre, une division de corvettes devra dans la soirée, au changement de flot, doubler le cap Mozi et reconnaître la seconde partie du détroit, celle qui s’étend entre la ville et Hikousima. Si quelques batteries se démasquent au-dessus de Simonoseki, les corvettes répondront à leur feu tout en suivant de près la côte sud, s’éloignant après le cap pour former la baie de Mozi. En attendant l’heure favorable, la division tout entière devra concourir à l’embarquement à bord des navires des pièces conquises la veille, cette mesure paraissant, aux yeux des commandans en chef, la plus propre à démoraliser l’ennemi. Dès le matin, de nombreuses corvées sont envoyées dans les batteries, où elles arrivent sans être inquiétées et commencent leur travail. De forts détachemens qui les protègent se tiennent dans la montagne, où leur présence paraît utile, car elle maintient à distance les Japonais, qui persistent à se montrer de temps à autre sous les bois. La Sémiramis, qui est venue mouiller contre le cap Mozi, envoie dans la journée quelques obus sur les faubourgs afin d’empêcher l’ennemi de s’y rassembler à couvert. — Les corvettes Tartar,. Dupleix, Métal-Cruis et Djambi appareillent vers cinq heures du soir en branle-bas de combat, et passent successivement la pointe ; elles disparaissent bientôt derrière les terres. La nuit vient sans que le moindre coup de canon se soit fait entendre de ce côté ; les travailleurs sont rentrés des batteries, rapportant dans les chaloupes la plus grande partie des pièces.

Le 8 au matin, des embarcations sont envoyées au-delà de la pointe pour communiquer avec les corvettes. Celles-ci, en défilant la veille en avant de la ville, n’y ont pu reconnaître d’ouvrages de défense. Deux batteries qui s’élèvent sur la côte d’Hikousima ont été occupées sans coup férir ; l’une d’elles, complètement