Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/962

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient-ils été repoussés, ou bien au milieu de fanatiques avaient-ils jugé prudent de garder le silence.

La Barossa revint le 10 août à Yokohama. Les commandans en chef, invités par les ministres à donner leur avis concernant une opération collective contre les batteries du détroit, s’assemblèrent le 12. Les forces actuellement présentes à Yokohama se composaient de quinze à dix-huit cents hommes de troupes anglaises à la disposition de sir R. Alcock, et de trois cents fusiliers-marins qui avaient relevé, quelques mois auparavant, notre garnison de chasseurs du 3e bataillon d’Afrique. En rade se trouvaient la division anglaise, forte de treize à quatorze navires, la division française, composée alors de la Sémiramis du Dupleix et du Tancrède, quatre corvettes hollandaises et une corvette américaine. Quel que fût l’accroissement des batteries du détroit et le nombre de ses défenseurs, on pouvait, en dirigeant sur Simonoseki la plus grande partie des forces maritimes, compter sur le succès. Les amiraux répondirent en conséquence qu’ils étaient disposés à se porter avec lesdites forces sur le détroit, si les ministres obtenaient du gouvernement japonais la promesse formelle qu’aucune tentative d’agression ne serait à craindre pour Yokohama ; dans ce cas, ils consentiraient à laisser la défense de la ville au plus ancien officier des deux mille hommes de troupes restant à terre. La réponse des ministres, rendue presque aussitôt, ayant été parfaitement satisfaisante, les amiraux pressèrent leurs préparatifs de départ. L’appareillage allait avoir lieu le 20 août ; de mauvais temps l’avaient retardé d’un ou deux jours, lorsqu’il fut encore ajourné par une circonstance imprévue.

Le 19 août au matin, le paquebot apportant les nouvelles d’Europe arriva sur rade avec le pavillon japonais au mât de misaine : au grand étonnement de tous, le personnel de l’ambassade japonaise, qu’on croyait partie pour une longue mission, se trouvait tout entier à bord. Quelques heures après, les autorités françaises pouvaient lire dans leur correspondance et dans le Moniteur du 26 juin une convention signée à, Paris entre le ministre des affaires étrangères et les ambassadeurs japonais. Suivant les termes de l’un des articles, cette convention devait être mise immédiatement à exécution, sans ratification des souverains respectifs, comme faisant partie intégrante du traité du 9 octobre 1858. L’acte signé à Paris traitait de matières commerciales, de la réduction des droits d’entrée imposés à certaines de nos marchandises ; mais il commençait par le règlement des questions politiques. Par le premier article, le gouvernement japonais s’engageait, en réparation des hostilités commises en juillet 1863 contre l’aviso le Kien-chan, à payer au