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frappe tous les yeux, c’est la transformation, l’agrandissement de la ville. Dans la partie la plus populeuse de la capitale lombarde, celle qui se trouve entre la porte Neuve et la porte Garibaldi, il a fallu ouvrir de larges rues qui portent les noms de Solferino, d’Aucune, de Castelfidardo et de Marsala. Deux nouveaux ponts, nommés le pont de Castelfidardo et le pont delle Pioppette (des petits peupliers), traversent le canal qui entoure la ville. Sans trop m’arrêter aux détails, je me contenterai de signaler un grand ouvrage, la construction de la belle galerie Victor-Emmanuel, qui unira la place du Dôme à celle de la Scala et aux grandes rues adjacentes. L’exécution de ce projet permettra d’abattre les rues étroites et tortueuses qui encombrent le centre de la ville, et empêchent d’y pénétrer l’air, la lumière et la circulation ; en même temps elle ceindra l’admirable cathédrale d’une place vraiment digne d’elle. C’est l’architecte Mengoni de Bologne qui a fait le plan de ce travail aussi utile qu’il est vaste ; l’exécution en a été entreprise par une compagnie anglaise qui l’a soumissionné auprès de l’autorité municipale de Milan. Le 7 mars 1865, le roi Victor-Emmanuel a posé la première pierre de la magnifique galerie qui portera son nom. Malgré un temps affreux, une grande foule était accourue, désireuse d’assister au commencement de travaux qui doivent faire de Milan l’une des plus belles villes de l’Europe. Comme on ne peut exécuter tout cela sans de grandes dépenses, la conséquence immédiate de ces beaux projets est l’augmentation des impôts, mais il ne faut pas oublier que ce mouvement de grands travaux publics donne de l’occupation aux ouvriers, accroît de beaucoup la circulation du numéraire, et l’on a de bonnes raisons pour croire que sous un gouvernement libre il ne fera que rendre plus brillant l’avenir de la cité.

L’abolition des petites douanes qui par leurs mille vexations empêchaient autrefois le développement des intérêts matériels de l’Italie, la grande extension du réseau des chemins de fer depuis 1859, ont donné partout d’ailleurs au commerce de la péninsule une activité inconnue, et Milan a eu naturellement sa part de ce bienfait général. Toutefois il est difficile de trouver des renseignemens bien exacts sur les progrès qu’ont faits le commerce et le mouvement industriel de Milan. Nous n’avons pu guère relever, dans les documens trop peu nombreux relatifs au commerce milanais, que quelques détails qui méritent d’être notés. Dans le compte rendu de l’administration civile de la cité lu au conseil communal du 28 novembre 1864, il est dit que le produit de l’impôt sur les maisons particulières et toutes les autres constructions s’est en 1864 augmenté de 19,693 francs comparativement au produit de