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réduit. Sa vaste terrasse, protégée par des rangs superposés d’adobes (tuiles du pays en terre séchée au soleil), et sa tour carrée, qui sert de mirador, (observatoire) se couvrirent de tireurs embusqués, dont les projectiles menaçaient la plaine. Quelques heureuses sorties, grâce à la grande portée de nos carabines, refroidirent un peu l’ardeur de l’ennemi. Le drapeau rouge qui flottait à 1,800 mètres au-dessus du quartier-général de Tlaltingo servit souvent de point de mire aux balles des contre-guérillas, quand l’état-major ennemi se mettait en observation autour du rancho, ou quand la cavalerie des libéraux venait y parader. Le 16 juillet enfin, deux compagnies du 7e de ligne vinrent à Coscomatepec relever la contre-guérilla, qui se rendit à Orizaba pour rentrer le 21 juillet au camp de la Soledad. Une lettre du général en chef, complimentant la contre-guérilla sur sa conduite malgré l’inutile tentative sur Huatusco, décida le 12 juillet sa réorganisation. Le colonel Du Pin et le commandant supérieur de Vera-Cruz devaient arrêter immédiatement la nouvelle composition du corps et la soumettre à la sanction du quartier-général à Mexico.

À ce moment, les populations de l’état de Vera-Cruz semblaient presque pacifiées. Sous les pluies de l’hivernage, le maïs avait grandi, le temps des semailles avait rendu les rebelles moins turbulens ; mais vers la fin de juillet, époque à laquelle les cultures n’ont plus besoin des bras des travailleurs, de nouveaux indices de mouvemens hostiles éclatèrent dans les terres chaudes et les terres tempérées. Presque toutes les villes avaient entendu l’appel de deux chefs de bandes, Milan et Cuellar, dont la cavalerie était considérable, et qui dominaient tout le pays jusqu’à la position de Puente-Nacional[1]. Pendant une opération combinée entre les commandans supérieurs de Vera-Cruz et d’Orizaba pour enfermer les libéraux dans un cercle de fer et réoccuper Huatusco, la contre-guérilla reçut ordre de se porter à San-Miguel, d’où ses reconnaissances protégeraient efficacement la ville de Cotastla, restée fidèle, et que menaçait un parti ennemi ; mais presque aussitôt une mission plus urgente obligea la contre-guérilla, relevée de ses positions, à se rendre à marches forcées sur la Soledad. Un convoi de 12 millions de francs destinés à l’armée française, entrée à Mexico, montait à Cordova, et une forte escorte était nécessaire. Le 15 juillet, ce convoi, suivi de deux compagnies du train d’artillerie arrivant de France avec un bon nombre d’équipages, se mit en route, protégé par la contre-guérilla et deux compagnies du 7e de ligne. Pendant une journée de marche jusqu’à Camaron, Honorato Dominguez, à la tête de six

  1. Très beau pont construit par les Espagnols près de Jalapa.