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mouvement est lent, quelle que soit la perfection des organes ; mais si ceux-ci sont mal agencés, quelle que soit la quantité de combustible employé, la machine ne fonctionne pas davantage. Ainsi, tout en cherchant des reproducteurs d’antique origine, il importe de les choisir de telle façon qu’ils soient physiquement taillés pour la course, et pour cela il faut qu’ils aient avant tout une poitrine profonde, afin que la respiration puisse se faire sans effort ; il faut de plus que les moteurs, croupe, épaule, jambes, soient très allongés, et que les parties inutiles à la progression, tête, ventre, encolure, soient aussi légères que possible, car elles sont un poids mort et ne contribuent pas au résultat final. Le cheval pur sang est généralement bai, bai-brun ou alezan ; on en rencontre aussi quelques noirs, mais fort peu de gris ou de blancs. On préfère ceux qui ont une robe franche avec aussi peu de blanc que possible. La finesse de la peau est tout à la fois une preuve de race et de santé et jamais dans les races communes on ne rencontre un poil aussi soyeux et un système veineux aussi développé. Ce réseau veineux a une grande importance, car il permet à la circulation de se faire malgré les efforts de la course. Si les vaisseaux sanguins étaient moins abondans et moins gros, le sang, ne pouvant circuler rapidement à la surface, refluerait vers le cœur et paralyserait le mouvement.

Bien des personnes refusent d’admettre que de pareils chevaux soient réellement beaux. C’est, suivant nous, une grande erreur. Si tous les organes sont disposés de manière à augmenter l’impulsion et à développer la vitesse, il est impossible que l’ensemble n’en soit pas harmonieux et ne s’approche pas du type idéal du cheval de course. Je ne voudrais pas à ce propos entamer une discussion d’esthétique ; cependant qu’il me soit permis de dire que le beau n’est jamais absolu et n’existe pas par lui-même. Il n’est que l’harmonie entre la forme et la destination des objets ; c’est un rapport, et pour le sentir il faut en connaître les deux termes. Veut-on en faire l’expérience, qu’on prenne un de ces vigoureux boulonnais à croupe arrondie qui traînent si gaillardement nos lourds omnibus, qu’on l’affuble d’une selle et d’un cavalier, et qu’on aille se promener à côté d’un pur sang : ce cheval, qui tout à l’heure sous son harnais vous paraissait magnifique, qui représentait le type de la force, sera lourd, gauche et emprunté, tandis que chaque mouvement du pur sang mettra en lumière l’élégance et la finesse de ses formes. Attelez ce dernier à une lourde voiture, et l’effet inverse se produira.

S’il y a de nombreux sportsmen, il y a relativement peu d’éleveurs. La plupart achètent quelques poulains qu’ils livrent à l’entraînement et avec lesquels ils tâchent de gagner le plus de prix et le plus de paris possible. Ce système est peu onéreux, et s’ils ont