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poulains nés et élevés en France, et la fortune récompensa cette tentative hardie. C’est de cette écurie qu’est sorti Gladiateur, l’illustre vainqueur du Derby d’Epsom en 1865, du prix de 2,000 guinées, et du grand prix de Paris, et qui en moins de trois mois gagna à son heureux propriétaire une somme de 441,000 francs sans compter les paris. Fille-de-l’Air et Vermout, quoique d’un ordre un peu inférieur, se mesurèrent souvent aussi avec des chevaux anglais, et les battirent dans plus d’une rencontre. On peut donc dire aujourd’hui que sous ce rapport, comme sous bien d’autres, la France n’a rien à envier à sa rivale. On y a poussé très loin l’étude des questions techniques soulevées par l’élevage du cheval de course, et dont quelques détails feront apprécier l’importance.

Que demande-t-on à un cheval de course ? De parcourir le plus d’espace dans le moins de temps possible. Le meilleur cheval est donc celui qui a les organes respiratoires les plus développée, le système musculaire le plus vigoureux, la construction des reins et des jarrets la plus parfaite, enfin le plus grand courage, sans lequel tout le reste n’est rien. On a vu comment on était arrivé, par des alliances continuées pendant un grand nombre de générations entre les meilleurs chevaux, à fixer leurs caractères de manière à constituer une race à part. On procéda d’abord à ces alliances un peu au hasard ; il suffisait qu’un étalon eût été vainqueur dans un grand nombre de courses pour qu’on lui amenât de tous côtés des jumens à saillir, et qu’on payât fort cher ses services. Ce n’est que plus tard, quand on vit des étalons renommés donner des produits de premier ordre avec certaines, jumens et des chevaux très ordinaires avec d’autres, que l’on comprit la nécessité de faire un choix, afin d’empêcher que certains défauts de conformation des parens ne se transmissent dans les produits. Nous nous trouvons en effet ici en présence d’une des plus curieuses applications du système de l’hérédité. Bien qu’on ignore encore les lois générales de la transmissibilité, l’on sait cependant que généralement les caractères des parens se retrouvent dans leurs descendans, et que si l’on veut perpétuer ces caractères, il faut avoir soin de n’accoupler que des animaux qui les possèdent eux-mêmes. C’est le principe qui a servi de base à l’amélioration de toutes les races d’animaux, quels qu’ils soient ; mais on ne s’est pas encore rendu bien compte de l’influence directe de chacun des parens. On a prétendu que le poulain prend à son père le courage, le caractère et la robe, et qu’il tient de sa mère la taille et les allures. C’est peut-être trop absolu, et tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il ressemblera surtout à celui de ses parens qui est le mieux racé, c’est-à-dire à celui qui a la plus ancienne origine.

Quoi qu’il en soit, pour avoir des produits aussi parfaits que