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humaine tels et tels passages qui nous le représentent sous un aspect plus pacifique. L’athlète a déposé le ceste, et le satirique ne brandit plus qu’en passant son « fouet enflammé » sur la tête des ennemis qu’il se flatte sans doute d’avoir réduits au silence. Quoi qu’il en soit, le poème ou plutôt le roman poétique dont nous venons d’écrire le titre réveille à peine, par quelques allusions passagères, le souvenir de la lutte récente. Nous y retrouvons encore maint retour d’humeur satirique, mais détendue pour ainsi dire, et la loyale confession du jeune écrivain : « je raille des folies que j’aime, » semble indiquer la note dominante de ce récit, qui rappelle en même temps, le Beppo de Byron et la Namouna de Musset.

Ce sont les mêmes strophes à l’allure abandonnée, le même, sans-gêne apparent, le même soin apporté à la broderie d’un récit qui va comme il peut, tantôt repris, tantôt délaissé, simple prétexte, d’arabesques et de fioritures. Avant qu’il ait été seulement effleuré, nous avons déjà fait, en une vingtaine de strophes, le tour à peu près complet des grandes villes européennes, comparé Vienne à Paris et l’une à l’autre les principales cités italiennes. La palme reste non pas à Gênes la superbe, non pas à la triste Venise, mais à Florence, la vieille ville des Médicis, promue tout récemment au rôle de capitale. Rome a contre elle son prêtre-roi, Naples sa fermentation volcanique. Paris serait charmant, s’il n’était ruineux.


« Parlez-moi de Florence, jamais malpropre, toujours économique,. — et qui vous prodigue de façon ou d’autre son caffè nero, — son cioccolate, ses paste, ses gelati, ses sorbets parfumés, — ses vins nombreux (je préfère celui d’Asti), — dont les uns sont âpres et verts, les autres plus doux que miel. — Tout voyageur vous dira, si vous insistez sur ce chapitre, — qu’on y peut gaillardement déjeuner pour quelques centesimi. »


Et plus loin, à dix strophes de là :


« Je parlais de Florence. Notre histoire nous y mènera, ― Mais elle débute en Angleterre, — où les hommes, à tout prendre, nous offrent les plus nobles échantillons de l’espèce, — où les femmes sont plus belles et plus aimantes que partout ailleurs. — Je ne fais pas mystère de mes projets. Je compte dérouler ici — les aventures d’un couple uni par l’hymen et d’un homme condamné au célibat. — Ce simple trio, sans aucun accessoire, — me fournira tous les éléments de la tragédie humaine. »


À la bonne heure ; mais avant qu’on nous ait seulement nommé les trois acteurs du drame, il aura été question des catholiques émancipés, du vote secret demandé par les radicaux, de la politique whig et de ses éternelles mystifications, plus d’un livre intitulé la Vie des Saints, à propos duquel M. Austin se demande pourquoi on n’écrit pas la Vie des Pécheurs, certain, dit-il, que cet autre livre se vendrait encore mieux. Ces longs détours, ces divagations à perdre