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citons que pour mémoire les moteurs électriques, dans, lesquels la puissance motrice ne s’obtient encore qu’au moyen de substances lourdes et encombrantes.

Voilà pour le présent. Est-ce à dire qu’il n’y ait rien à attendre de l’avenir ? Il est certain, au contraire qu’on réalisera de grands progrès dès qu’on se préoccupera sérieusement de construire des moteurs légers et appropriés à la navigation aérienne. Bien des projets ont été mis en avant : quelques personnes paraissent compter sur les machines à air chaud ; cependant ces machines qui ne sont point jusqu’ici plus légères que les autres, n’ont jamais pu fonctionner d’une façon satisfaisante et semblent abandonnées en France. On a proposé d’emporter en l’air un gaz fortement comprimé dont la détente servirait directement de force motrice, et il est certain qu’il y aurait dans ce sens de fort curieuses expériences à faire. On peut, sous un poids de 2 kilogrammes avoir une enveloppe remplie d’air comprimé et capable de fournir le travail d’un cheval pendant une minute ; le poids serait notablement diminué si au lieu d’air on employait de l’hydrogène. A l’aide d’une provision de gaz comprimé, on pourrait donc sans doute soutenir en l’air, pendant plusieurs minutes, un appareil d’expérience. La détente du gaz agirait comme agissent les ressorts que l’on adapte actuellement à de petits modèles d’hélicoptères ; mais elle donnerait une action beaucoup plus prolongée. Quoi qu’il en soit, on ne peut espérer d’un engin de cette espèce qu’une traversée aérienne de quelques minutes, car le moteur devrait emporter de terre toute sa provision de travail, et il est clair qu’il ne faudrait pas songer à la renouveler, chemin faisant, en comprimant de l’air : la force qu’on y dépenserait serait mieux employée à exercer une action directe sur les organes de locomotion. Quelques personnes comptent beaucoup sur les perfectionnemens à introduire dans les machines à gaz combustibles. La combustion des mélanges gazeux a été dans ces derniers temps l’objet d’études très intéressantes, notamment de la part de MM. Schlœsing et Demondèsir, et l’on triomphera sans doute des inconvéniens que présentent les chocs dus aux inflammations ; On a songé aussi, pour éviter l’échauffement excessif du cylindre, à employer des gaz qui donnent par la combustion des produits relativement froids : l’azotate d’ammoniaque par exemple, sous l’action d’un comburant, se dédouble en eau et en azote, et ne développe ainsi qu’une chaleur modérée ; on réaliserait, en l’employant, une sorte de machine à vapeur à forte pression sans chaudière. On conçoit que nous ne puissions faire autre chose en ce moment que de prendre acte des espérances que l’on nous donne ; il nous serait difficile d’émettre un avis sur des moteurs mal étudiés encore, et