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énergique qu’il pourra respirer plus fortement et consommer plus d’oxygène en un temps donné. Chez l’oiseau, l’appareil respiratoire est d’une puissance extrême. Les poumons, au lieu d’être restreints comme chez l’homme, s’étendent sur toute la longueur du corps. Le diaphragme, organe délicat qui règle notre respiration, et qui ne peut se prêter qu’à un jeu modéré, a disparu chez l’oiseau ; ses poumons sont directement soulevés, et dégonflés par le va-et-vient des côtes, que les ailes entraînent dans leurs battemens ; ils s’ouvrent donc largement, et d’autant plus fort que le vol est plus rapide. Ce n’est pas tout : les pouvons de l’oiseau sont percés de nombreux canaux qui vont porter l’oxygène, dans tout le corps, afin que le sang soit revivifié au milieu de son circuit. Arrivé au bout des vaisseaux capillaires qui terminent les artères, le sang rencontre de petits réservoirs, véritable, poumons supplémentaires, où il fait une nouvelle provision d’oxygène, avant de recommencer sa course vers le cœur. Ajoutons que le ventricule gauche du cœur, qui lance le sang dans les artères, a des parois extrêmement épaisses, afin de remplir ses fonctions avec une grande énergie. Vigoureusement fouetté et fortement oxygéné, le sang charrie ainsi dans tout le corps de l’oiseau d’énormes provisions de chaleur que les muscles peuvent convertir en travail. Aussi, tandis que la température intérieure de l’homme reste fixée, entre 36 et 37 degrés, celle de l’oiseau atteint 43 et 44 degrés, Elle dépasse par conséquent les limites au-delà desquelles nos, organes deviennent impropres à la vie. On a constaté qu’au repos l’oiseau absorbe une grande quantité d’oxygène : on serait sans doute effrayé si l’on pouvait connaître ce qu’il en consomme dans un vol rapide !

L’oiseau est donc comme une machine, motrice dont le foyer est organisé en vue d’une combustion prodigieusement activé. Là est le secret de la force qui lui permet de voler. Comme cette combustion active se fait en somme aux dépens des alimens ingérés dans son corps, il est nécessaire que les organes de la nutrition permettent à l’oiseau de réparer promptement les pertes qu’il subit. On trouve en effet que la digestion se fait chez lui avec une célérité extrême. Son gésier, estomac puissant, dur comme de la corne, broie sans difficulté les alimens les plus résistans ; un foie volumineux verse des torrens de bile sur les matières qui sortent du gésier, et la fabrication du chyle s’achève en très peu de temps. Aussi l’oiseau ne peut-il pas jeûner ; il faut qu’il renouvelle très fréquemment sa provision de nourriture. A défaut d’alimens, le corps, s’oxydant lui-même, serait bientôt consumé. On dit quelquefois d’une personne qui prend peu de nourriture qu’elle mange comme un oiseau ; c’est là une comparaison qui manque de justesse, et qu’on fera bien de