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élémentaire de cet appareil. — On appelle d’ordinaire orthoptères (à ailes plates) les appareils de la première catégorie, aéroplanes ceux de la seconde, gyroptères (à ailes tournantes) ou hélicoptères ceux de la troisième. C’est à ces trois genres principaux que l’on peut ramener, sauf quelques exceptions, les nombreux projets qui se sont produits depuis quelques années au sujet de la navigation aérienne. Agira-t-on sur l’air avec des ailes d’oiseaux, avec une surface poussée horizontalement, avec des ailes hélicoïdales, ou avec des appareils combinés au moyen de ces divers organes ? C’est là une question intéressant, sans doute et qui peut fournir des sujets d’étude fort piquans ; mais nous la laisserons de côté pour le moment, car dans l’état actuel des choses elle nous paraît devoir être reléguée, au second plan. Au point de vue de la théorie, on peut dire que les systèmes des trois catégories que nous venons d’énumérer utilisent la force motrice dans des conditions presque équivalentes. Sans doute, si l’on en vient à la pratique, ils offrent des avantages différens et sont d’une réalisation plus ou moins facile. L’hélice par exemple jouit d’une préférence marquée, elle a fourni en quelque sorte aux fondateurs de la Société d’encouragement leur cri de ralliement et leur drapeau ; mais, encore une fois, il n’y a qu’un intérêt de second ordre à se préoccuper actuellement du mode suivant lequel agira la force motrice. Avant tout, il faut construire des moteurs légers, très légers, infiniment plus légers que ceux que nous connaissons jusqu’ici. La est la vraie et pour ainsi dire la seule difficulté du problème, — difficulté assez grave pour qu’on puisse sérieusement se demander si l’on doit espérer de la vaincre avec les moyens dont on dispose actuellement. Les aviateurs ne l’ignorent pas, on le leur a dit de toutes parts. Cependant beaucoup d’entre eux négligent volontiers ce côté du problème, et ils aiment à fermer les yeux sur cet obstacle, qui est peut-être de nature à rendre stériles tous les efforts qu’ils peuvent faire d’ailleurs. En cela, ils sont assez semblables à des gens qui, voulant faire un voyage, s’ingénieraient à installer commodément un carrosse, sans s’occuper d’avoir des chevaux pour le traîner.

Veut-on voir comment cette question de la force motrice reste toujours oubliée et comme non avenue pour quelques-uns des promoteurs de la locomotion aérienne ? L’auteur d’un petit écrit que nous avons sous les yeux cherche à exposer à ses lecteurs, à l’aide d’un exemple familier, le principe de l’aviation. Il s’agit d’une grosse éponge qu’un ouvrier, placé tout en haut d’une échelle, a laissé tomber dans la rue aux pieds d’un aviateur, tandis que celui-ci cheminait pensif et songeait aux argumens qui peuvent rendre sensibles les avantages de l’aéronef. Un autre ouvrier passe, ramasse