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à ceux qui nous occupent en ce moment, ce n’est point seulement par métaphore qu’ils veulent nous apprendre à voler de nos propres ailes. En principe, il n’y a donc que des félicitations à adresser aux novateurs qui ont fondé la société de locomotion aérienne ; toutefois, après avoir obtenu ce premier succès, il importe maintenant qu’ils se recueillent. Leur zèle, leur entrain, sont des qualités précieuses ; mais il faut qu’ils les gardent pour le moment où leur société aura produit quelque chose, si peu que ce soit, et où il y aura quelque résultat utile à livrer à la publicité. Jusque-là, de nouveaux appels à la curiosité publique resteraient sans doute infructueux, et courraient même le risque de nuire à la cause qu’ils prétendraient servir : quand les prés ont assez bu, il faut fermer les ruisseaux.

Dans cet ordre d’idées, nous devons signaler comme un symptôme fâcheux pour la société constituée au mois de juin 1864 que M. Ponton d’Amécourt ait cru devoir se démettre des fonctions de vice-président qu’il y remplissait d’abord. M. d’Amécourt, dans le triumvirat des promoteurs de l’aviation, représentait le travail modeste et persévérant. C’est lui qui, sans aucun secours étranger, a fait construire presque tous les modèles d’appareils qui ont été expérimentés jusqu’ici. Il paraît s’être retiré, laissant ses compagnons chanter seuls des victoires qui ne sont pas encore remportées. Sans doute il aura été un peu effarouché de leur ardeur et il aura voulu mettre son nom à l’abri des reproches que peut mériter leur enthousiasme préventif. Il n’en continue pas moins les recherches qu’il a entreprises, et qui, s’il n’avait écouté que son propre désir, n’auraient point reçu une publicité si hâtive. M. d’Amécourt a commencé d’ailleurs en 186A la publication d’une Collection de mémoires sur la locomotion aérienne sans ballons ; il compte y placer successivement les travaux de quelque importance qui paraîtront sur la question, dont, il se préoccupe à un si haut degré. Cette collection de mémoires, dirigée par M. d’Amécourt seul, fera ainsi concurrence à l’Aéronaute, journal non périodique que publie la Société d’encouragement. Aussi bien, puisque nous en venons à établir des distinctions entre les partisans de la locomotion aérienne, il faut tout de suite que nous fassions une place à part à plusieurs savans, qui suivent aussi la bannière de l’aviation. M. Barral avons-nous dit, a accepté la présidence de la Société d’encouragement, tout en professant sur les résultats qu’elle pourra obtenir, des opinions fort éclectiques. M. Babinet a embrassé leur cause, et il l’a soutenue avec une ardeur toute juvénile, non-seulement dans la presse, mais aussi dans plusieurs conférences publiques. M. Emmanuel Liais, un de nos plus savans astronomes, que des travaux scientifiques, ont longtemps retenu au Brésil, a envoyé de Rio-de-