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la National Society, et Joseph Lancaster à la British and foreign school Society. Comme ces deux centres d’action religieuse ont exercé et exercent encore une grande influence sur le maniement des écoles primaires, il est nécessaire de s’y arrêter. La Société nationale a été fondée en 1811, mais elle ne se développa vraiment qu’en 1815, après la bataille de Waterloo, et lorsque les bienfaits de la paix appelèrent l’attention publique sur l’éducation des classes pauvres. Ses affaires sont administrées par un comité composé du banc des évêques, des plus hautes autorités ecclésiastiques, et de plusieurs laïques jouissant d’une grande considération dans le monde. Tous les souscripteurs d’une guinée par an ou tous ceux qui ont versé en bloc la somme de 10 guinées sont d’ailleurs membres de la société. Ils ont le droit de voter à l’assemblée générale. Des conseils provinciaux d’éducation, présidés par l’évêque du diocèse, se rattachent en outre de toutes les parties du royaume à l’institution centrale, dont les bureaux sont situés dans Westminster. Quel est maintenant le but de cette société, appuyée sur d’actives influences et sur un mécanisme aussi puissant qu’étendu ? Elle se propose d’instruire les enfans de la classe ouvrière et agricole dans les principes de l’église établie. Pour arriver à ses fins, elle cherche d’abord à développer les moyens d’éducation en accroissant le nombre des écoles. Les diverses sommes qu’elle a tirées de sa caisse pour assister dans cette voie certaines localités s’élevaient vers la fin de 1864 à un total de 389,964 livres sterling (9,749,100 francs). Elle ne donne toutefois son argent que contre de l’argent, c’est-à-dire qu’elle exige des localités secourues une dépense correspondante, et même généralement beaucoup plus forte que le secours. On calcule par exemple que, pour l’érection seule des édifices consacrés à l’instruction élémentaire, elle a provoqué dans le pays l’émission d’une somme trois fois égale à ses déboursés, et de plus elle impose à chaque paroisse la charge de maintenir et de défrayer l’école une fois bâtie. Pour qu’une maison d’enseignement primaire se trouve dans tous les cas en rapport avec la National Society, il faut que les directeurs ou patrons de l’établissement souscrivent à Certains « termes d’union : » on entend par là qu’ils s’engagent à seconder les vues de la société dans l’éducation religieuse de l’enfance. Le nombre des écoles ayant un lien de famille avec la National Society atteignait à la fin de 1864 un chiffre de 12,366, et ces 12,366 établissemens abritaient 1,172,306 écoliers[1]. Non contente de répandre dans le royaume l’instruction primaire, la société s’occupe en outre de former des instituteurs. Afin d’atteindre ce but, elle a sous son contrôle immédiat cinq écoles normales, dont

  1. En y comprenant les écoles du dimanche, ce nombre s’élevait à 1,818,476 élèves.