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attendue de la politique espagnole. Une brochure publiée à Paris avec un certain apparat et faite évidemment pour retentir à Madrid, le Voyage du roi d’Espagne, rattaché à cet incident le programme de toute une situation.

Ainsi au lendemain du retour du roi, aux premiers jours de septembre 1864, la pensée d’un changement est dans l’esprit de tout le monde en Espagne, jusque dans l’esprit de quelques-uns des ministres qui prennent eux-mêmes l’initiative de la crise d’où doit sortir une combinaison nouvelle ; mais quelle sera cette combinaison ? Les membres du ministère Mon, qui abandonnaient ainsi en chemin leur président du conseil et qui provoquaient la crise, M. Antonio Ulloa, M. Canovas del Castillo, avaient bien clairement la pensée secrète de favoriser la résurrection d’un cabinet de l’union libérale ; seulement c’est trop tôt : l’union libérale, malgré l’autorité toujours survivante de son chef, n’avait ni la popularité, ni la majorité dans les chambres, ni un prestige moral suffisant après sa chute désastreuse de 1863. Si, d’un autre côté, à défaut de l’union libérale et du général O’Donnell, il ne s’agissait que de rassembler encore une fois quelques hommes de bonne volonté dans un cabinet promis d’avance à une vie incertaine et précaire, ce n’était point la peine d’ajouter un essai de plus à tant d’autres essais. Il fallait reconstituer ou tout au moins tenter de reconstituer un gouvernement. C’est là l’origine et la raison d’être du cabinet Narvaez, formé le 16 septembre 1864, de ce cabinet préparé par l’impossibilité ou l’inefficacité de tout autre combinaison, et appelé par l’impossibilité ou l’inefficacité de tout autre combinaison, et appelé à résoudre les problèmes qui faisaient des affaires de l’Espagne l’écheveau le plus embrouillé et le plus confus.

Au premier moment de cette crise nouvelle et inévitable du mois de septembre, la reine avait appelé le duc de Tetuan ; mais le général O’Donnell, qui était tombé pour n’avoir rien fait, pour avoir laissé s’embourber sa politique dans toute sorte d’embarras extérieurs, intérieurs ou financiers, le général O’Donnell présentait un programme qu’il n’était pas encore en mesure de faire accepter, et puis ce n’était là en réalité qu’un chemin détourné pour arriver à la seule combinaison prévue, peut-être possible ou du moins sérieuse. Le général Narvaez, qui était la personnification désignée de cette combinaison, se trouvait en Andalousie, à Loja, lorsqu’il sut qu’il était rappelé au pouvoir, et la promptitude avec laquelle il réussit, dès son arrivée à Madrid, à rassembler autour de lui quelques-uns des hommes les plus considérables, M. Gonzalez Bravo, M. Llorente, M. Arrazola, M. Alcala Galiano, le général Atmero, le général Cordova, M. Barzahallana, cette promptitude attestait assez qu’il n’avait point été pris a l’improviste, qu’il s’était pré-