Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’un côté, l’intolérance religieuse a en partie désarmé, et les dissidens ont été admis dans les écoles sans être astreints à des actes qui blessaient leurs consciences. D’un autre côté, les études profanes ont gagné du terrain sur les études théologiques, et près des divisions classiques s’est introduite une division moderne qui place les arts et les sciences sur un pied moins subalterne. Ce mouvement est récent, et il ne s’est produit encore que dans les moindres écoles, celles que l’aristocratie dédaigne ; on s’en défend quand on le peut, et là où on l’accepte, c’est comme pis-aller. Il répond au besoin d’études incomplètes et hâtives. A Londres même, dans ce centre d’affaires, les vieilles institutions y résistent : ni Saint-Paul, ni Christ-Church, ni Westminster, ne se sont laissé entamer ; on y regarderait comme une déchéance tout ce qui serait l’équivalent de nos mélanges d’études et de nos bifurcations. Pour trouver quelque chose qui s’en rapproche, c’est à l’école de Saint-Olef qu’il faut descendre.

Cette maison est, de toutes les écoles de la tradition, celle qui a le plus dévié de la ligne commune. Ce qu’a fait ailleurs l’appauvrissement, ici c’est l’excès d’opulence qui l’a fait. Fondée par la reine Elisabeth, Saint-Olef en avait reçu comme dotation des terrains vagues situés dans un pauvre faubourg au sud de la Tamise. Ces terrains étaient, par une clause expresse, inaliénables. Londres, en s’agrandissant, les a englobés dans son enceinte ; ils sont aujourd’hui couverts de constructions, et toute parcelle se convertit en rentes au profit de l’école. Le revenu est donc énorme, et la charge à l’origine était bien légère. Il ne s’agissait que de choisir dans deux paroisses contiguës quelques enfans destinés à entrer dans les ordres. Dans ces clauses, rien qui ne fût formel et limitatif ; bon gré mal gré, il a fallu s’y conformer. Le. plus grand embarras était dans l’emploi de l’argent qui s’amassait entre les mains de l’économe avec une abondance toujours croissante. On en jeta une part dans le luxe des bâtimens ; on eut des escaliers somptueux, des salles richement décorées, un édifice qui ressemblait moins à une école qu’à un palais. Ces prodigalités n’empêchaient pas les réserves de s’accumuler. Une autre part, la moindre peut-être, était appliquée aux besoins de l’école et au personnel enseignant ; mais ici la difficulté n’était pas moindre. Saint-Olef et son annexe n’avaient qu’une population restreinte composée d’ouvriers, de petits marchands et d’industriels. Faire de tous leurs enfans des clercs, comme l’indiquait la fondation, ou des docteurs, ou des bacheliers, il n’y avait pas à y prétendre ; les familles ne s’y seraient pas prêtées : c’était déjà beaucoup que de garder les humanités comme enseigne et d’élever pour les universités quelques sujets qui représentaient le