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du col est à 147 mètres ; la différence de 50 mètres, qui indique la distance de la plaine au sommet du col, éloigne la pensée de pratiquer une tranchée à ciel ouvert. Il faudra donc, pour procurer aux eaux du marécage une issue unique, percer à cet endroit, à travers le calcaire très dur du Ptoüs, un souterrain dont la longueur sera de 1,600 mètres environ. M. Sauvage, à l’époque où il rédigeait son mémoire, évaluait la dépense à 1,600,000 francs, la durée du travail à quatre années, en supposant qu’un chantier de mille ouvriers lui fût affecté ; mais on doit croire aujourd’hui que les engins découverts depuis cette époque, les machines d’une formidable puissance, telles que celles qui sont employées au percement des Alpes, pourront s’appliquer à la perforation du Ptoüs, et diminueront dans une proportion notable l’espace de temps et le nombre de bras nécessaires à ce travail. Une fois l’émissaire général creusé jusqu’à l’entrée du ravin qui, de l’autre côté de la montagne, lui servira de prolongement naturel vers la mer, il s’agira de rallier à son embouchure toutes les eaux du Copaïs. Le Mélas s’y rendra facilement lorsqu’on l’aura débarrassé de la masse de roseaux et de plantes qui encombrent son cours, et que, pour lui donner une pente plus rapide, on aura approfondi son lit en quelques endroits. Le Céphise sera jeté dans le Mélas au moyen d’une courte tranchée. Quant à l’Hercyne, son embouchure sera le point de départ de travaux plus importans et plus considérables, la tête d’un canal de ceinture à grande section qui, s’emparant des eaux de cette rivière, fera le tour du lac pour rejoindre l’émissaire général et recueillera dans ce trajet tous les affluens torrentiels qui descendent des montagnes. En même temps de nombreuses fosses auxiliaires, destinées à vider entièrement l’intérieur de la plaine, viendront se souder de toutes parts à cette artère principale, tandis qu’un vaste système de canaux d’irrigation empêchera qu’un excès de sécheresse ne succède aux funestes effets de là stagnation des eaux[1].

Le dessèchement progressif des lacs et des marais qui occupent en Grèce de grandes et nombreuses étendues de terrain[2] paraît devoir être l’une des causes les plus certaines de la richesse future de ce pays. Des desséchemens partiels, entrepris sur une petite échelle, non-seulement en Livadie, mais en Élide et en Eubée, par

  1. . La dépense nécessaire à l’exécution de tons ces travaux, y compris le percement du grand émissaire, est évaluée aujourd’hui à 9 millions.
  2. Nous citerons entre autres les plaines d’Athènes, de Marathon, de Corinthe, de Missolonghi, et surtout le lac marécageux de Phénéos dans l’intérieur du Péloponèse, à 30 kilomètres ; environ du golfe de Corinthe. À cause de la distance et des obstacles qui le séparent du golfe, on a proposé récemment de le dessécher par voie d’absorption mécanique. Il occupe une superficie à peu près égale à celle de Copaïs.