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effort on retombe presque aussitôt dans le système de la détention en commun ; il est bon de dire cependant qu’on pratiqué ce système en Irlande avec plus de sévérité que partout ailleurs. En effet les condamnés y sont divisés en quatre catégories, et ils passent de l’une à l’autre d’après leurs notes, et suivant qu’ils ont obtenu un nombre de marques plus ou moins considérable. Ce n’est d’ailleurs qu’après avoir traversé ces catégories qu’ils sont enfin admis dans les prisons intermédiaires ; puis, une fois là, on leur abandonne tout le produit de leur travail comme pécule de sortie. Quelquefois même, avant de leur délivrer les tickets of leave, on les autorise à chercher du travail au dehors, ce qui facilitera, au jour de leur mise en liberté, leurs relations avec les maîtres. Il arrive aussi qu’on en place quelques-uns pour un certain temps chez des industriels ou des cultivateurs. Après toutes ces épreuves, où les suit la pieuse sollicitude du prêtre catholique, ils obtiennent enfin la liberté préparatoire, toujours révocable en cas de nouvelles fautes ou même de simple inconduite.

Le système, comme on le voit, ne laisse pas que d’être très fortement lié dans toutes ses parties. Il est de plus très ponctuellement exécuté en Irlande, ce qui fait qu’ici du moins on ne rencontre aucun des prétextes allégués en Angleterre pour expliquer l’inefficacité de ce système, particulièrement au point de vue des récidives. Si donc et malgré tout les résultats sous ce dernier rapport ne sont guère meilleurs en Irlande qu’en Angleterre, il faudra nécessairement en conclure que le régime de la détention en commun, quels qu’en soient les combinaisons et les tempéramens, est définitivement jugé.

Quelques mots encore sur ce point. Les prisons intermédiaires de Lusk et Smithfield (et ce sont les seules en Irlande) ne reçoivent annuellement qu’un très petit nombre d’individus, chacune cent au plus, et parmi ceux-ci peu obtiennent le ticket of leave. C’est à peine si l’on en compte cent cinquante à Dublin et dans les environs ; l’amendement se trouverait donc restreint à un petit nombre de condamnés ; partant, son influence sur les récidives serait tellement bornée, que le système de la détention en commun ne pourrait pas en être affecté d’une manière sensible dans ses effets généraux. Quoi qu’il en soit, voici quelques détails statistiques qu’il peut être bon de relever : à partir de 1856, époque de l’établissement des prisons intermédiaires, il y a eu 4,643 convicts libérés avec ou sans tickets ; on en a repris un certain nombre, parmi lesquels figurent dans la proportion de 7 sur 10 les condamnés porteurs de tickets révoqués. Quant à ceux, au nombre de 1,800, dont les tickets n’avaient pas été révoqués, 75 seulement (4 pour 100)