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Les résultats parurent assez favorables jusqu’en 1856, puisque sur 5,049 convicts on ne compta que 404 relaps, soit 8 pour cent. Ne serait-ce pas que, d’octobre 1853 à décembre 1856, les libérations étaient tellement rapprochées de cette dernière date qu’il se serait ainsi écoulé trop peu de temps après la sortie des prisonniers pour qu’on eût rien obtenu de concluant ou même de bien significatif dans cette première épreuve ? Cela est d’autant plus probable qu’à mesure qu’on avance, le nombre des récidives dépasse de beaucoup ce premier chiffre ; c’est ce que l’on a remarqué surtout en 1859, année où la proportion des récidives s’éleva de 8 à 28 pour 100 : on alla même bientôt au-delà de ce dernier chiffre. Cette progression incessante fut en outre caractérisée par des faits d’une singulière gravité. Je n’en citerai qu’un : parmi les 850 convicts impliqués dans la formidable révolte des prisonniers de Chatam, 640 étaient notés pour leur bonne et très bonne conduite, et 73 pour une conduite exemplaire, si bien qu’au moment de l’émeute ils étaient tous sur le point de recevoir leurs tickets of leave.

La situation n’était donc plus tolérable ; il y eut alors en Angleterre un cri de profonde et universelle terreur, force fut au gouvernement d’aviser. En conséquence, il institua le 29 décembre 1862 une haute commission chargée d’examiner la question sous toutes ses faces ; cette commission fut composée des hommes les plus considérables et les plus compétens, parmi lesquels il suffira de citer les lords Grey, Naas et Craword, sir J. Pakington, sir J. Cookburn, lord chief-justice, sir J. Russell, recorder de la cité de Londres, etc. Après s’être livrée aux études les plus approfondies, la commission signala parmi les causes du mal : 1° l’accumulation des convicts libérés par suite du ralentissement de la transportation, 2° les vices de la répression actuellement en vigueur. C’était bien là en effet le vrai des choses et le vif de la difficulté.

Tel a donc été en 1864, après les essais les plus divers, tentés et poursuivis avec une remarquable énergie sur tous les points du globe, le dernier mot de la libre et fière Angleterre sur cette question vitale. Or il est manifeste que ce dernier mot la place entre un double écueil. Veut-elle échapper au péril de l’accumulation des convicts libérés, ce qui, d’après la haute commission, serait la première cause du mal, elle ne le peut qu’en revenant à la transportation ; mais il est notoire que cette peine n’a pas d’action préventive, et l’on sait d’ailleurs que les colonies refusent maintenant de recevoir les convicts de la métropole, si même elles ne prennent le parti de les lui renvoyer sans plus de façons. Veut-elle au contraire, à défaut de la transportation, corriger et modifier les procédés vicieux, dit-elle, de la répression actuellement en vigueur, ce qui serait la seconde cause du mal, — alors elle se retrouve en pré-