Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traordinaires nouvelles, telles que l’imposition de 15 centimes, qui n’a pas encore pris fin, l’élévation des tarifs d’octroi, et les deux surtaxes de 1 franc 50 centimes sur les liquides. Dans le mode d’établissement des budgets et par conséquent dans l’appréciation de l’excédant des recettes ordinaires, un fait nous frappe, qui mérite d’être relevé : les dépenses ordinaires ne comprennent jamais le service de la dette. Le montant des annuités, intérêts et obligations figure toujours dans les dépenses extraordinaires, comme l’intérêt des emprunts y figurait déjà avant 1848. Sans doute les dettes ne sont pas de leur nature éternelles, et l’on peut théoriquement prévoir le jour où rien de ce chef ne devrait être inscrit dans un chapitre du budget municipal ; cependant le paiement des dettes n’en est pas moins obligatoire et annuel, comme la dépense exigée par les grands services publics d’administration, d’instruction, de viabilité, etc. Si le chiffre des sommes affectées à ce paiement varie, celui des autres allocations varie de même. La distinction qui établirait deux classes de dépenses, les unes obligatoires, dont le service des dettes ferait partie, les autres facultatives, semblerait donc préférable à celle qui est adoptée généralement, car, le service de la dette étant mis en première ligne parmi les dépenses annuelles, les villes, les états s’imposeraient avant tout le souci incessant et quotidien des obligations prises. A Lyon heureusement, la mesure est loin d’avoir été dépassée, et, si rapidement qu’elle ait été contractée, la dette municipale n’est pas hors de proportion avec les forces de la communauté. Une ville pourtant n’est pas isolée dans l’état ; la situation de chacune d’elles s’aggrave ou s’améliore selon la situation des autres. Or Lyon se trouve dans les mêmes conditions que la plupart des autres villes, que l’état lui-même. C’est à cela qu’il faut songer. L’escompte des produits de l’avenir, l’emprunt, l’usage du crédit sous toutes les formes pour la création de nouvelles ressources, tel est le moyen universel que l’on emploie en haut comme au bas de l’échelle sociale. C’est un admirable mouvement sans doute, puisque ainsi la grande loi du travail s’impose à tous. Produire plus pour consommer davantage, qu’y a-t-il de meilleur ? À ce compte, les besoins sont immenses et le champ ouvert à notre activité presque infini ; mais la consommation peut avoir ses excès : après les besoins légitimes viennent les besoins factices, après les travaux utiles ceux du luxe, après la libéralité la prodigalité et le gaspillage. Plus le travail aura gagné en étendue, en intensité, plus un simple ralentissement pourrait amener de catastrophes. Voici déjà, comme pour apporter un fait à l’appui de ces prévisions, que le conseil municipal de Lyon vient, sur la proposition du préfet, de voter un crédit de 300,000 francs pour venir