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de deux fleuves ne fournissait pas un approvisionnement suffisant, avait dépensé en travaux de canalisation plus de 10 millions. La construction de l’abattoir de Vaise, confiée à une société, avait coûté un demi-million, et le chemin de fer de la Croix-Rousse, dont les anciennes montagnes russes de nos jardins publics donneraient une idée assez exacte, 3 millions. — La ville consacrait encore 4,500,000 francs au parc de la Tête-d’Or et à ses autres promenades, 1,560,000 fr. à ses chemins ; elle contribuait pour 700,000 fr. sur 5 millions à la traversée de Lyon, et pour 10 millions 1/2 sur 20 aux travaux des quais et des endiguemens. L’hôtel de ville enfin absorbait 1,500,000 francs, le palais du Commerce 3 millions, le marché des Cordeliers 2,800,000 francs. En somme, la part de la ville dans toutes ces dépenses a été de 71,560,000 francs, celle des compagnies municipales de 13,500,000 francs, celle de l’état de 18,800,000 francs. Si l’on ajoute encore à ce total le remboursement fait à la ville des dépenses des ateliers nationaux de 1848, la portion contributive de l’état dans le rachat du péage des ponts du Rhône, l’énorme dépense de la traversée de Lyon par les chemins de fer, dépense que nous avons entendu évaluer à 80 millions, enfin le prix des constructions que l’ouverture des rues nouvelles et les alignemens ont forcé les particuliers d’entreprendre, on ne trouvera pas trop exagérée la somme de 500 millions à laquelle on porte les frais des travaux publics accomplis à Lyon durant ces dix dernières années.

L’exécution, il faut le reconnaître, a été conduite de la façon la plus heureuse. Alors que le centre de la ville, les quais qui l’enserrent, les rues qui la relient aux faubourgs et ces faubourgs mêmes devaient être réédifiés et refaits, Lyon n’a jamais présenté cet aspect d’une ville livrée aux démolisseurs ainsi qu’après un assaut une place conquise à l’ennemi victorieux. Chaque entreprise appelait tout naturellement celle qui l’a suivie, aucune n’a été commencée avant l’achèvement de la précédente. Aussi peut-on dire qu’à aucun moment l’esprit n’a été assailli de la crainte qu’un événement soudain fît abandonner l’œuvre en voie d’exécution, et laissât durant de longues années des ruines pendantes sur un terrain bouleversé.

Sauf l’élargissement de quelques rues où la circulation est difficile, notamment dans ce qu’on peut appeler le quartier réservé au commerce des soieries, on peut dire que le plan de 1854 est exécuté aujourd’hui dans toutes ses parties. Le moindre séjour à Lyon permet d’en apprécier la grandeur. On y reconnaît avant tout la ville de l’activité et du travail ; on voit l’industrie et le commerce s’exercer dans des conditions de facilité, de salubrité, inconnues