Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces erreurs, qui ne pourront être évitées que lorsque les relevés des opérations et des chiffres seront faits, en quelque genre que ce soit, par les intéressés eux-mêmes, devenus aussi désireux de s’éclairer et d’éclairer le public qu’ils le sont jusqu’à présent de cacher le secret de leurs affaires, ces erreurs ne doivent pas empêcher néanmoins de prendre en considération et à titre de renseignemens utiles les données encore imparfaites de la statistique. C’est ainsi que du dénombrement de la population lyonnaise on peut tirer quelques inductions sur l’esprit qui l’anime et sur les intérêts dont ceux qui l’administrent ont pour mission de se préoccuper. Les 318,803 habitans de Lyon se subdivisent ainsi :


Agriculture 7,245
Industrie 185,078
Commerce 36,598
Professions diverses se rattachant à l’industrie et au commerce 3,569
Autres professions diverses 5,205
Professions libérales 25,492
Clergé 2,935
Individus sans profession 52,681
318,803

Dans ce nombre, les femmes sont en majorité, 162,000 contre 156,000, et les personnes vivant de l’industrie forment les deux tiers du total. L’industrie textile seule est exercée à Lyon par 34,557 hommes et 45,935 femmes, ensemble 80,492 ; le bâtiment occupe près de 20,000 ouvriers, l’habillement plus de 32,000, l’alimentation 16,000, les transports 10,000, etc. Même si l’on fait la part des inexactitudes de détail que peuvent présenter ces chiffres, il n’en ressort pas moins d’utiles indications pour la statistique morale. L’accroissement de la multitude qui vit de salaires et de bénéfices quotidiens n’intéresse plus seulement l’administration d’une grande cité au point de vue des excédans que les besoins de la consommation apportent au budget des recettes municipales, mais les élémens dont elle se compose, l’augmentation du nombre des ouvriers sédentaires ou non, vivant en famille ou isolés, attachés à une industrie capricieuse ou régulière, doivent tenir constamment ouverts les yeux de ceux qui cherchent dans l’étude des chiffres un résultat politique et des règles de conduite.


II

En réunissant à Lyon Vaise, la Guillotière et la Croix-Rousse, l’administration s’était imposé la tâche non-seulement d’agglomérer des localités rivales et presque toujours en lutte, de doter