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que 5 millions 1/2 pour les subventions de charité, et les frais de l’instruction primaire et secondaire étaient inférieurs à 1,200,000 fr. A Lyon, la municipalité avait toujours tenu à honneur de ne rien négliger pour le développement intellectuel des habitans. Depuis 1828, une société d’instruction primaire, fondée par l’initiative d’un grand nombre de souscripteurs, avait ouvert successivement des écoles et des établissemens de toute sorte. Outre l’enseignement primaire, largement distribué, d’heureux essais satisfaisaient aux principaux besoins d’une industrie qui touche à l’art par tant de côtés. Le chant, le dessin linéaire et d’ornementation, étaient déjà professés dans des cours d’adultes. Des allocations importantes augmentaient la richesse des musées et des bibliothèques ; on avait même consacré un fonds d’encouragement pour former des peintres et des graveurs. En même temps que l’école des beaux-arts coûtait à la ville plus de 30,000 francs pour le traitement annuel des professeurs, à côté des facultés des sciences et des lettres, un crédit spécial de 3,850 francs était destiné à un cours d’économie industrielle et commerciale.

Ainsi se révélaient dans le dernier budget réglé sous le gouvernement du roi Louis-Philippe les sollicitudes de l’autorité municipale pour les besoins matériels et intellectuels de la population lyonnaise. Ainsi se caractérisait le régime municipal de Lyon, différent alors de ce qu’il est aujourd’hui. Avant 1848, le conseil communal était élu par les habitans ; maintenant l’empereur en désigne les membres. Si l’administration actuelle se montre à la hauteur de la tâche qui lui est confiée, il n’est que juste cependant de reconnaître les mérites véritables de sa devancière. La révolution de 1848 porta quelque trouble dans la situation financière de la ville. Comme partout, les recettes, principalement celles de l’octroi, en furent affectées, les dépenses s’en accrurent, et les ateliers nationaux, à l’instar de ceux de Paris, absorbèrent des sommes importantes dont le règlement définitif ne s’est opéré que par la loi du 16 août 1855, aux termes de laquelle l’état dut rembourser à la ville de Lyon 1,922,812 francs.

Si maintenant, afin de rendre plus frappans par leur juxtaposition même les termes de comparaison, l’on franchit d’un seul trait toute la distance qui nous sépare du régime constitutionnel pour arriver à l’année 1864, on voit que le budget de la ville de Lyon porte aux recettes ordinaires la somme de 9,142,000 francs, et aux dépenses ordinaires celle de 5,416,000 francs. Les recettes extraordinaires montent à 1,642,000 francs, qui, ajoutés à un excédant de 3,726,000 francs sur les recettes ordinaires, permettent de consacrer 5,369,000 francs aux dépenses extraordinaires. Sur cette