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présentaient le plus d’activité. Pour mesurer la prospérité toujours croissante de cette période, en dépit des luttes qui, sous le règne de Louis-Philippe, ensanglantèrent Lyon à deux reprises, il suffit d’examiner les principaux élémens du budget municipal de 1847, le dernier soumis à l’approbation royale.

Le premier chapitre des dépenses qui doive attirer l’attention est celui de la dette. Il rappelle pour une ville, comme pour un état, les besoins satisfaits des administrés, la bonne conduite des administrateurs, les embarras du présent, les espérances ou les craintes de l’avenir. Dans le budget de 1847, la dette municipale de Lyon s’élevait en capital restant à payer à 8,708,000 francs sur un total de plus de 10 millions, dont le premier, emprunté en 1827, avait été appliqué à la construction d’un grenier à sel et d’un théâtre. En 1830 et 1831, pour parer au déficit causé par la diminution des produits de l’octroi, 2 autres millions avaient été ajoutés à cette première dette. Pendant les huit années suivantes, la construction d’un abattoir, l’amélioration des quais, le règlement de certaines créances, exigèrent de nouveaux engagemens pour une somme de 1,700,000 francs, et en 1840 les inondations, ce mal périodique de Lyon, en absorbèrent 700,000. Enfin, de 1841 à 1846, la ville dut emprunter 4,700,000 francs pour acquérir des immeubles dont la démolition était rendue nécessaire par la mise en œuvre du plan de reconstruction adopté.

L’origine d’une pareille dette n’est certes pas à critiquer, et le chiffre inscrit au budget lyonnais de 1847 n’était point hors de proportion avec les ressources mêmes de la commune, dont les recettes ordinaires s’élevaient à 3,818,000 francs, tandis que les dépenses de même nature ne dépassaient pas 2,690,000 francs. Encore faut-il ajouter, afin de mettre dans tout son jour cette bonne situation financière, que la ville n’était grevée d’aucune imposition de centimes extraordinaires. Il est vrai que dans cette seule année 1847 on voulait consacrer près de 2 millions à des travaux considérables, tels que l’élargissement des rues, la construction des quais, etc, et les recettes affectées à cette catégorie de dépenses ne présentaient qu’une somme insignifiante de 79,000 francs ; mais on avait émis un emprunt de 2 millions compris dans le chiffre de 8,708,000 francs déjà indiqué.

Dans ce même budget de 1847, les secours accordés aux établissemens de charité et les pensions atteignaient le chiffre assurément élevé de 471,000 francs ; les dépenses de l’instruction publique et des beaux-arts, celui de 284,000 francs, soit d’une part le cinquième et de l’autre le neuvième des dépenses ordinaires. Sur un total de 43 millions de dépenses, la ville de Paris ne prélevait alors